Mettre son chien en position de réussite en gérant son environnement

Il y a quelques jours, je suis tombé sur cette photo, qui circule sur les réseaux sociaux :

J’espère qu’elle vous fait aussi sourire !

Plus sérieusement, cette image est une bonne illustration d’un aspect très important de l’éducation canine : la gestion de l’environnement.

Dans cette lettre, je vous explique comment, en gérant l’environnement de votre chien, vous pouvez rendre son éducation 100 fois plus simple.

Un environnement bien géré met votre chien en position de réussite

Prenons l’exemple de ce jeune Berger Allemand sur la photo. À cet âge-là, pas étonnant qu’il ronge tout ce qu’il trouve. Ses dents poussent ; lui font mal ; et mâchouiller apaise la douleur.

Ses maîtres ont eu la bonne idée de rendre toutes leurs chaussures inaccessibles.

Ils ont également mis à sa disposition un tas de jouets à mastiquer (je suppose). Bois de daim ; Kongs ; oreilles de cochon ; os crus… De quoi le soulager de ses poussées dentaires.

Résultat : ce petit chiot va prendre systématiquement l’habitude de ronger les jouets auxquels il a le droit. Normal : ce sont les seuls à sa disposition !

À chaque fois qu’il choisit de ronger un de ses jouets (et pas une chaussure), on le récompense. C’est ce qu’on appelle le renforcement positif : on accentue un comportement voulu chez le chien en le récompensant.

Résultat : plus tard, même quand ses maîtres auront oublié de ranger leurs chaussures, ce petit chiot les délaissera, et préfèrera s’acharner sur ses propres jouets.

À l’inverse, un environnement mal géré permet l’autorenforcement – quelque chose qu’il faut à tout prix éviter !

Cette fois-ci, je vais prendre l’exemple du chien qui aboie dans le jardin, à chaque fois qu’une personne, ou qu’un chien, passe dans la rue.

Si vous ne modifiez pas son environnement, vous ne le mettez pas dans une position de réussite. Il ne cessera jamais d’aboyer au moindre mouvement.

Et c’est normal : en laissant votre chien seul dans le jardin, il va pratiquer ce qu’on appelle l’autorenforcement.

De quoi s’agit-il exactement ? En fait, l’autorenforcement est un mécanisme par lequel un chien qui va faire une action une fois sera plus susceptible de la répéter par la suite.

Quand le chien aboie sur les passants dans la rue, cela le soulage. Les passants continuent leur route ; le chien se dit que c’est grâce à ses aboiements qu’ils sont partis. Prochaine fois qu’il verra quelqu’un passer, il aboiera à nouveau dessus.

L’autorenforcement est un mécanisme qui joue sur tous les comportements indésirables du chien :

• Le chien qui vole de la nourriture est « récompensé » en mangeant la nourriture qu’il a volée ; prochaine fois qu’il verra de la nourriture trainer sur un coin de table, il prendra l’habitude de la manger quand vous aurez le dos tourné.
• Le chien qui poursuit les chats, lapins, cyclistes, éprouve un immense plaisir à courir, et à satisfaire ainsi son instinct de prédation. Si on le laisse faire, il sera plus enclin à répéter ce comportement.
• Le chien qui pince pour qu’on le laisse tranquille se rendra compte qu’en agissant ainsi, on arrête de l’embêter. Il retiendra que pincer, voire mordre, est une bonne manière de se débarrasser de quelqu’un qui l’embête.
• Le chien qui détruit une chaussure, un canapé, va mine de rien y prendre beaucoup de plaisir ! Cela peut vite devenir une habitude pour lui.

À chaque fois que le chien produit un comportement indésirable, il obtient quelque chose d’agréable. Ce comportement est ainsi renforcé.

Comment changer mon environnement pour ne pas mettre mon chien en position d’échec ?

Si votre chiot ronge vos chaussures ; vos meubles : ne le laissez pas seul dans un endroit avec ces objets à disposition. S’il doit rester seul, installez un parc à bébé, rempli de jouets qui l’occuperont le temps de votre absence.

Si votre chien aboie sur les passants, ne le laissez plus seul dans le jardin. Quand il est en extérieur, assurez-vous d’y être aussi, et que ce soit uniquement dans le cadre de sa rééducation. À chaque fois qu’un passant arrive, avant même que votre chien n’aboie, donnez-lui quelque chose à faire de bien plus intéressant. Par exemple : jouer à la balle, ronger un Kong rempli de pâtée… Gardez votre chien en laisse, comme ça, il n’aura pas l’occasion de se ruer sur le portail pour aboyer – et ne pourra pas autorenforcer ce comportement. Une fois cet environnement mis en place, vous pouvez démarrer les exercices de rééducation.

Si votre chien vole la nourriture, vide vos poubelles… Faites en sorte que tout cela lui soit inaccessible. Plus votre chien volera, plus il mangera, et plus il renforcera ce comportement. En modifiant son environnement, vous lui faites perdre cette habitude, et peu à peu vous pourrez à nouveau laisser de la nourriture trainer sur votre table basse. (Attention néanmoins, pour en arriver à ce stage prenez soin de travailler les auto-contrôles chez votre chien !)

Si votre chien est agressif envers ses congénères, évitez au maximum de le promener dans des endroits remplis de chiens détachés, susceptibles de se jeter sur lui pour « jouer ». Ce type d’environnement ne permet pas à votre chien de progresser à son rythme ; et pour le mettre en position de réussite, il faut y aller progressivement. Promenez plutôt votre chien en forêt, dans les champs, où il est susceptible de croiser d’autres chiens, mais où vous pourrez garder une distance assez grande pour pouvoir travailler sereinement. Ainsi, peu à peu, votre chien reprend le contrôle de ses émotions. Vous pourrez, peu à peu, diminuer cette distance au fil des apprentissages.

Je pourrais vous donner des tas d’autres exemples comme cela, mais vous voyez où je veux en venir : en éducation comme en rééducation, l’environnement est clef !

Alors, rangez vos chaussures, cachez vos biscuits apéritifs, et ne laissez pas Médor seul dans le jardin – car dans ces contextes, si nos chiens font des bêtises… C’est aussi un peu de notre faute ! ;)