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Êtes-vous un sprinter, ou un marathonien ?

Publié le 06 Février 2020
Paul et Hélène ont tous les deux adopté un chien l’année dernière, au même refuge SPA. Hélène a adopté un Jack Russel de 3 ans, qui avait été abandonné « cause morsure » (mais elle n’en sait pas plus – au refuge il semble pourtant très amical). Paul a adopté un Braque Français, abandonné « cause déménagement ». 12 mois suivant leur adoption, regardons où en sont ces deux chiens – et leur maître. Hélène a d’abord eu de gros soucis avec son Jack Russel Le petit Jack était ravi d’être adopté. Hélène ne comprenait pas qu’on puisse abandonner un petit chien aussi joyeux. Jack, mordeur ? Impossible. Hélas, elle a commencé à mieux cerner son chien quelques jours après son adoption. Après une semaine dans son nouveau foyer, Jack prend confiance. Il montre quelques signes d’agressivité. Une première fois, il a réussi à voler une oreille de cochon, qu’Hélène gardait pour plus tard. Impossible de lui retirer : Jack grogne et montre les dents. Une deuxième fois, quand Hélène essaye de le faire descendre du canapé. Jack claque des dents quand une main l’approche. Et une troisième fois, alors qu’il est caché sous la table – Hélène essaye de l’attraper par le collier pour le faire sortir (c’était l’heure de sa balade), Jack lui mord la main. Rien de grave, mais Hélène réalise que cette adoption se révèlera plus compliquée qu’elle ne l’imaginait. Hélène ne baisse pas les bras. Elle se renseigne sur internet sur les différentes manières d’éduquer un chien. Elle contacte la « Team CapDog », qui référence les meilleurs éducateurs canins. (Je vous parle de cette initiative à la fin de ma lettre, si cela vous intéresse). CapDop lui donne le numéro d’un éducateur canin à proximité de chez elle, qui travaille uniquement dans la bienveillance. Et Hélène démarre ainsi un long processus de rééducation. En parallèle, Paul dresse son Braque comme il l’a toujours fait – et les résultats sont immédiats. Paul a toujours eu des chiens bien dressés, il a l’habitude. Son Braque ne fera pas exception. Comme c’est un jeune chien fougueux, il tire fort en laisse. Paul lui apprend la marche au pied à ‘coups de sonnette’. En d’autres termes : il donne de grands coups sur le collier, en disant « non ! » d’un ton ferme. Après quelques heures de travail, son chien marche au pied. Des résultats rapides, Paul en est content. Mais un nouveau problème arrive. A présent, quand Paul lâche son chien, il refuse de revenir au pied. Impossible de le rattacher : son Braque ne se laisse pas attraper. Paul, conseillé par un ami, investit donc dans un collier électrique. Son ami le rassure : « Ton chien ne souffrira pas : si tu fais aller le ‘bip’ avant une décharge, au bout de quelques utilisations, tu n’auras qu’à utiliser le ‘bip’, sans électrocuter ton chien ». Soit. Paul le tente, et miracle ! Cela fonctionne. Après quelques essais, son chien revient au pied docilement. Mais un autre problème survient. Son Braque, qui passe beaucoup de temps dans le jardin, a réussi à creuser pour passer en dessous du grillage, et fugue. Paul a beau reboucher le trou, son chien en creuse toujours un nouveau. Content des résultats du collier électrique, il décide d’installer une clôture électrique autour de son jardin. Dès que son chien dépasse un certain périmètre, il reçoit une décharge. Et encore une fois, cela fonctionne. Les résultats sont immédiats. Les voisins de Paul sont défavorables au collier électrique, qu’ils trouvent cruel. Paul leur répond : « oui mais moi, au moins, mon chien ne fugue pas et il obéit ! ». C’est vrai. A chaque fois que Paul résout un problème avec sa méthode « traditionnelle », il obtient des résultats immédiats. Mais dernièrement, le chien de Paul a été impliqué dans un grave incident. Il a mordu une dame qui passait dans la rue, à proximité de son jardin. Cette dame a porté plainte. Comme elle aime les animaux, elle ne veut pas que le pauvre Braque soit euthanasié… Mais cette fois-ci, Paul passe pour un idiot. Pendant ce temps-là, Jack et Hélène font de formidables progrès. Avant de rééduquer Jack, Hélène sait qu’elle doit construire un solide lien de confiance avec son chien. Sa stratégie : ne jamais entrer en conflit avec lui. Après tout, Jack ne la connait pas. Il vient d’arriver chez elle. Il doit comprendre qu’elle ne veut que son bien. Alors Hélène s’applique à rendre sa vie plus joyeuse. Elle le promène trois fois par jour, dont une fois au bois. Dès qu’il revient au pied, Jack a droit à une friandise. Quand il est à l’écoute, elle le récompense en lui jetant sa balle. En une semaine, Jack a un formidable rappel. Hélène n’entre pas en conflit avec son chien, mais Jack doit quand même respecter quelques règles. Sa maîtresse s’applique à être cohérente. Comme Jack mord quand on le déloge (de force !) du canapé, Hélène lui a appris la commande « tu descends ». Elle s’est d’abord entrainée sur une marche ; puis sur un banc ; et enfin sur le canapé. A chaque fois que Jack s’exécute, elle le récompense avec une oreille de cochon, qu’elle lui donne dans une autre pièce. Jack comprend qu’il n’a pas le droit d’aller sur le canapé – mais il ne le vit pas comme une punition. Jack doit aussi comprendre qu’Hélène ne risque pas de voler sa nourriture. Sinon, il continuera à être agressif à chaque fois qu’il mange. Pour le faire, Hélène le nourrit toujours dans la buanderie, où il ne risque pas d’être embêté. Au début, elle fermait la porte. Puis, elle l’a laissée entrouverte ; jour après jour, elle a ouvert la porte de plus en plus, et déplacé la gamelle petit à petit. Aujourd’hui, Jack mange dans la cuisine. Hélène peut passer à côté sans qu’il ne montre de signes de stress. Souvent, quand elle passe près de son chien qui mange, elle fait ‘accidentellement’ tomber une croute de fromage ! Jack a énormément progressé. Hélène continue d’être attentive, mais il ne montre plus de signes d’agressivité depuis des mois. Combien de temps lui a-t-il fallu pour en arriver là ? Des semaines ; des mois entiers. Mais Jack a réellement progressé. Paul, lui, a voulu aller trop vite avec son Braque. Regardons un peu les méthodes utilisées par Paul avec son chien. A première vue, elles semblaient efficaces. Il a d’abord utilisé les coups de collier pour enseigner la marche en laisse. Résultat positif et immédiat : son chien marche au pied. Conséquence négative : son chien n’a plus de rappel. Normal : à chaque fois qu’on le rattache, il subit les coups de colliers – et c’est franchement désagréable. Ensuite, Paul a utilisé le collier électrique. Résultat positif et immédiat : son chien a du rappel. Conséquence négative : ses balades ayant perdu tout intérêt, le jeune Braque se met à fuguer pour satisfaire son besoin d’exploration. Enfin, Paul utilise une clôture électrique. Résultat positif et immédiat : son chien ne fugue plus. Conséquence négative : il a associé les décharges avec les personnes qu’il croisait à proximité de la clôture. Il les considère maintenant comme un danger. Constamment sur la défensive, il a fini par faire l’inévitable : mordre. A chaque fois que Paul résout un problème avec la méthode « dure », il créé un nouveau trouble du comportement chez son chien. Et c’est un scénario typique de l’éducation traditionnelle. Je pourrais vous donner des centaines d’exemples comme Paul. Alors oui, l’éducation traditionnelle permet souvent d’obtenir des résultats immédiats. Oui, la punition, ça « marche ». Oui, souvent, on a l’impression d’aller plus vite qu’en éducation positive. Mais instaurer une relation où le chien obéit par la peur a également des effets néfastes. C’est un peu comme si vous essayiez de réparer un tuyau qui fuit avec du scotch. A peine le premier trou rebouché, une nouvelle fuite se créé… Et on n’en finit pas. Hélène a progressé beaucoup plus lentement. Sa priorité n’est pas l’efficacité immédiate. C’est le lien de confiance entre elle et son chien. Aujourd’hui, elle est bien plus avancée que Paul. Et pourtant, elle a pris son temps. L’éducation canine n’est pas un sprint : c’est un marathon ! N’essayez pas d’aller trop vite dans l’éducation de votre chien. Une éducation respectueuse prend du temps ! Les progrès ne sont pas immédiats. Vous avez raison de faire preuve de patience. En voulant aller trop vite, en brûlant les étapes, on n’ancre pas de réels apprentissages. Alors, si l’éducation de votre chien vous semble longue, ne perdez pas espoir. Continuez à entretenir une relation bienveillante avec lui. N’écoutez pas les ‘conseils’ de personnes incompétentes. Ayez confiance. La courbe du progrès n’est pas linéaire. Parfois, vous aurez l’impression de régresser. Ne baissez pas les bras. Je vous le garanti s : votre chien vous le rendra au centuple.  

Claude Lefevre 

NB : Comme promis, je vous parle de l’initiative de la Team CapDog : il s’agit en fait d’un regroupement d’éducateurs canins bienveillants. Ils ont créé une page Facebook (dont voici le lien) sur laquelle vous pouvez les contacter si vous avez besoin d’aide avec votre chien. Ils vous redirigeront vers un éducateur canin bienveillant de votre région. En passant par eux, vous êtes sûr de tomber sur quelqu’un de compétent, et qui travaille en positif.  

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