Euthanasie à la chaîne, stérilisations forcées, ligature des trompes... Que faire pour préserver votre chienne ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je souhaite apporter mon point de vue sur le sujet complexe qu’est la stérilisation des chiens.

Entre euthanasies à la chaîne, ou stérilisations forcées et subies : difficile de faire le bon choix.

Il y a deux écoles concernant la stérilisation.

La première considère qu’elle est presque obligatoire – c’est l’avis de nombreuses associations de protection animale, qui, chaque année, voient les euthanasies défiler. Les gens ne font pas attention ; ils laissent leurs chiens se reproduire ; ils font adopter les chiots par n’importe qui… et quelques années plus tard, ces chiens finissent en refuge, indéfiniment.

La reproduction de chien doit être laissée aux éleveurs professionnels et consciencieux, on est d’accord.

Faut-il pour autant imposer une stérilisation forcée à tous les chiens ?

Là encore, la question est compliquée.

J’aimerais dire que non. Que la stérilisation est une opération douloureuse  avec certains effets secondaires (certains néfastes, certains bénéfiques… Tout dépend du sexe et de la race du chien). Elle n’est pas à prendre à la légère.

Dans un monde idéal, on ne toucherait pas aux organes génitaux de nos chiens. La nature les a fait ainsi : qui sommes-nous pour interférer ?

Hélas, il faut également regarder la réalité en face. L’immense majorité des propriétaires de chien ne font absolument pas attention à leur animal. Trop de personnes font naître des portées par accident, ou par manque de conscience.

Une stérilisation reste préférable à une dizaine de chiots qui risqueraient alors de finir abandonnés.

Personnellement, mes chiens se promènent sans laisse ; ils rencontrent régulièrement des congénères. Le risque qu’ils fassent une portée étant élevé, j’ai choisi de les stériliser. De toute manière, c’est obligatoire quand on adopte avec la plupart des associations.

Mais le choix vous est personnel. A vous de faire le bon, selon les habitudes et l’environnement de votre chien.

Si vous souhaitez en savoir plus sur ce débat compliqué, sur les effets secondaires, bienfaits et dangers de la stérilisation selon votre chien, je vous invite à lire l’article que j’ai rédigé à ce sujet :

Lire l’article sur les stérilisations abusives

Venons-en maintenant au vif du sujet.

Vous avez choisi d’adopter une chienne, et de la faire stériliser. Vous avez alors le choix entre 3 options :

L’ovariectomie
La ligature des trompes
L’injection d’hormones anticonceptionnelles (la « pillule » pour chiens).

Comment fonctionne chacune de ces stérilisations, et surtout : laquelle choisir pour que votre chienne vive cette opération le mieux possible ?

Chirurgie définitive : une méthode des plus courantes

Le recours à la chirurgie est décidément l’option la plus utilisée pour stériliser une chienne.

Considérée comme la plus efficace, la moins risquée et la moins coûteuse à moyen terme, elle est largement répandue.

Deux options sont possibles : l’ovariectomie ou l’ovariohystérectomie.

Ces noms qui peuvent paraître compliqués sont en fait relatifs à deux opérations très simples.

L’ovariectomie consiste à retirer chirurgicalement les ovaires de la chienne.
L’ovarioshystérectomie consiste à retirer chirurgicalement les ovaires et l’utérus.

Comme pour les Hommes, une opération reste invasive.

Le risque zéro n’existe pas et de nombreux effets secondaires peuvent avoir lieu.

La stérilisation peut provoquer des anomalies de croissance, une prédisposition à certaines néoplasies (tumeurs) et certaines affections non-néoplasiques, de l’incontinence et une prise de poids. [1]

L’ovariectomie peut être faite de deux manières.

L’incision est effectuée juste en dessous du nombril par la ligne blanche. C’est la technique privilégiée s’il y a un risque d’infection de l’utérus ou de gestation.

De cette manière, le vétérinaire peut faire évoluer l’opération vers une ovarioshystérectomie afin de retirer l’utérus également s’il est en mauvaise santé.

C’est ainsi que Pénélope a été stérilisée. Néanmoins, les conséquences postopératoires étaient lourdes. La cicatrice est longue, et sous le ventre. La gravité fait peser les organes sur les points de suture. Chez Pénélope, cela a provoqué une grosse inflammation. Ses tissus cicatrisants ont gonflé – elle avait une boule de la taille d’un poing, qui a mis quelques semaines à disparaître.

C’est pour cette raison que, si votre chienne n’est pas à risque de gestation ou d’infection de l’utérus, la seconde technique par les flancs est préférable.

Deux incisions sont pratiquées sur chaque flanc et permettent un accès direct aux ovaires. Les plaies chirurgicales sont plus petites, et le risque d’éventration plus faible. En plus, les pansements tiennent mieux et plus longtemps !

Je peux en témoigner, car au fil de ma vie, j’ai accueilli une petite dizaine de chiennes en famille d’accueil. Venant d’associations, elles ont presque toutes été stérilisées avant leur adoption. Je n’ai jamais observé de complications avec les ovariectomies par les flancs.

Des alternatives plus douces ?

Une de mes lectrices m’a parlé d’une alternative à la stérilisation chirurgicale paraissant moins invasive : la ligature des trompes.

Je me suis tourné vers le sujet afin de voir si nous avions enfin trouvé la solution parfaite, moins invasive et toute aussi efficace.

Je ne vais pas vous mettre plus de suspens. Cette alternative n’est malheureusement pas une solution miracle.

Certes, c’est effectivement une option moins invasive. Pour autant, excepté pour prévenir la reproduction accidentelle, elle ne présente pas beaucoup d’intérêt.

Elle augmente le risque d’infection de l’utérus et n’empêche aucune autre maladie, contrairement à la chirurgie qui prévient l’apparition des tumeurs mammaires, lactations et grossesses nerveuses, tumeurs de l’appareil génital et infections de l’utérus.

Votre chienne risque donc de développer ces maladies alors que l’efficacité de la ligature des trompes n’est pas sûre à 100 %.

Une autre alternative considérée comme “plus douce” est également connue. Il s’agit de la contraception médicale.

Elle est utilisée soit via des piqûres, soit via des comprimés comme une pilule.

Elle est largement déconseillée pour une chienne n’étant pas destinée à la reproduction.

Le traitement n’étant pas définitif : vous pouvez arrêter à tout moment. Votre chienne retrouvera ses chaleurs et pourra à nouveau avoir des portées.

Les effets secondaires de cette option sont multiples, étant donné qu’elle ne protège pas votre chien contre certaines maladies contrairement aux alternatives chirurgicales.

Même si le traitement est moins invasif qu’une opération, votre chienne pourra donc avoir plus de problème de santé à long terme.

Faire le bon choix pour éviter les portées non voulues

Hélas, il n’existe pas de solution parfaite. Chacune a ses avantages et ses inconvénients.

Que ce soit une stérilisation chirurgicale (ovariectomie ou ovariohystérectomie), la ligature des trompes ou la contraception médicale, le tout est de choisir celle qui convient le mieux à votre chienne, selon ses spécificités.

Pour vous aider à faire votre choix, voici un récapitulatif inspiré d’une thèse de l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort [2] sur les avantages et les inconvénients de chaque pratique :

Ovariectomie et ovariohystérectomie

Pour les opérations chirurgicales de stérilisation définitives, les principaux avantages sont les suivants :

La suppression définitive des chaleurs
Une diminution du risque de tumeur mammaire
La suppression du risque d’infection de l’utérus (pyomètre)
La suppression du risque de pseudo-gestation (grossesse nerveuse)

Quant aux inconvénients, on retrouvera l’anesthésie générale, une prédisposition à la prise de poids et un risque d’incontinence urinaire.

Ligature des trompes utérines

Cette option présente peu d’avantages. Son seul intérêt est que votre chienne ne risque pas de prendre du poids.

Les inconvénients sont quant à eux beaucoup plus nombreux.

Ils regroupent :

L’anesthésie générale
La manifestation des chaleurs
Une efficacité non systématique
Un manque de prévention des maladies de l’appareil génital

Suppression médicale des chaleurs

La stérilisation chimique est facile d’utilisation et permet une utilisation occasionnelle ou régulière. Si elle est utilisée de manière occasionnelle, la possibilité de gestation de votre chienne est préservée.

Pour les inconvénients, cette méthode peut augmenter le risque de tumeur mammaire (en fonction de la molécule utilisée), le risque d’infection de l’utérus (pyomètre) et a des effets secondaires transitoires (léthargie, prise de poids, développement du tissu mammaire...).

À moyen terme, cette option est plus chère que la stérilisation chirurgicale.

Même si faire un choix est difficile, la décision finale vous revient. Tout dépend de votre chienne, son âge, sa race, son gabarit, son état de santé et son statut de reproductrice.

En effet, certaines races comme le Boxer ont une importante prédisposition à l’incontinence urinaire suite à l’ovariectomie par exemple.

Concernant le gabarit, les chiennes de plus grande taille sont davantage prédisposées à certaines affections, comme la rupture des ligaments croisés antérieurs ou l’incontinence urinaire. Contrairement aux chiennes de petites tailles, ces chiennes ont plus de risque de présenter des saignements et que la chirurgie soit plus technique. [3]

Pour ma part, la stérilisation de Pénélope m'a été imposée car elle vient d’une association de protection animale.

Même si ça n’avait pas été le cas, je l’aurais tout de même stérilisée. Je ne peux pas l’avoir constamment à l’œil et assurer qu’aucun risque de portée imprévue n'arrive.

Vous pouvez tout à fait ne pas stériliser votre chienne. Il faut simplement que vous soyez absolument certain que le risque de portée imprévue soit de 0% - ou alors que vous soyez un éleveur déclaré et consciencieux.