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« Il est vieux, autant en finir » : le scandale des euthanasies de confort.

Publié le 11 Février 2019
« Il est vieux, autant en finir » : le scandale des euthanasies de confort.
Dans cet article, je vous écris avec le cœur lourd, sur un sujet qui me touche : la lutte contre les euthanasies de confort. Je ne parle pas ici des euthanasies nécessaires. Je ne parle pas des chiens qui souffrent, des chiens condamnés par une maladie incurable. Je parle des chiens qui tous les jours, se font sciemment assassiner — par des vétérinaires de surcroît. Leur seul tort : être devenus incommodants. Non rentables. Abandonnés. Traumatisés. Aujourd’hui, je vous partage ma colère. Ma colère envers les particuliers qui euthanasient leur chien par commodité. Envers les éleveurs-usines qui abattent leurs chiennes, trop vielles pour se reproduire. Envers certains refuges, pour qui l’euthanasie n’arrive pas qu’en dernier recours. Et envers la loi, qui impose la mise à bas de chiens mordeurs — sans tenir compte du contexte de la morsure. Les euthanasies de complaisance chez les particuliers « Un chien, on l’assume jusqu’au bout ». Ça vous parait évident ? Et pourtant, ça ne l’est pas pour tout le monde. Révolte des vétérinaires : «Nous ne sommes pas des techniciens de la mort!» En faisant mes recherches sur internet, je trouve de nombreux témoignages de vétérinaires. Tous sont révoltés par le nombre de personnes qui consultent pour euthanasier leur chien. Pas pour trouver une solution à leur hyperthyroïdie. Pas pour demander un remède contre l’arthrose, ou une prescription pour leur diabète. Non, le chien est vieux, de toute façon il n’en a plus pour longtemps… Alors on l’euthanasie. Méprisable. On ne le dira jamais assez. Adopter un chien, c’est s’engager jusqu’à la fin de sa vie. Même s’il devient vieux, incontinent et puant. Même si les soins gériatriques sont coûteux. Il est temps que tous les maîtres se sentent responsables de leur compagnon — jusqu’au bout. «Bah, il est vieux, alors on va le piquer». Parfois – et c’est pire encore, la volonté d’euthanasier un chien pour vieillesse ne vient pas du maître. Parfois, elle vient du vétérinaire. Voici un extrait du deuxième témoignage que j’ai pu lire. C’est un article du Vétérinaire Dr Fourrure, que vous pouvez retrouver sur son blog1 : « Parfois - moins qu’avant, c’est le véto qui se fend d’un “boah, vous savez, il est vieux, alors on va le piquer hein”. Ma première euthanasie, c’était ça. J’étais stagiaire, quatrième année, et le (vieux) vétérinaire a reçu ces personnes âgées. Il a flairé le pyomètre de cette vieille golden, lui, le véto à vaches. Il l’a prouvé d’un coup d’échographe. Et puis il a énoncé sa sentence. “Elle est vieille. Fourrure, tu t’occupes de l’euthanasie.” Je ne l’ai pas remis en question, le maître. J’ai euthanasié la chienne, avec la certitude zélée de l’élève paralysé par le respect. Quel con. ». L’euthanasie est le dernier recours pour les chiens souffrant d’une maladie douloureuse et incurable. Ce n’est pas un moyen pour se débarrasser d’un chien devenu incommodant. Et inutile de se justifier en soutenant que c’est pour abréger ses souffrances. L’euthanasie n’est envisageable qu’une fois que toutes les autres solutions ont été explorées. Usines à chiots : le triste sort des chiens «non rentables» À votre avis, que font les élevages intensifs quand une chienne ne peut plus se reproduire ? Je vais vous faire part d’un témoignage. Le témoignage d’une jeune stagiaire ayant travaillé dans un élevage peu scrupuleux — pour ne pas dire monstrueux. Elle souhaite rester anonyme — j’espère que vous comprendrez. Cet élevage-usine exploite une dizaine de races — dont des Cavaliers King Charles. Sept d’entre eux, 5 femelles et 2 mâles, commencent à se faire vieux. Sur un chien d’usine, la vieillesse, ça se voit. Les femelles ont des mamelles qui pendent presque jusqu’au sol. Leur poil est poisseux, parsemé de plaques de dermatites. La moitié ont des problèmes oculaires, et l’un d’entre eux est borgne. Un lundi, notre stagiaire arrive à l’élevage. Où sont les sept Cavaliers King Charles ? Ne les trouvant pas, elle questionne le gérant de l’usine. « Je les ai placés dans des familles d’adoptants ! ». Mais bien sûr. Je suis bénévole dans une association qui fait adopter des chiens abandonnés. Et croyez mon expérience : on ne fait pas adopter 7 vieux chiens abîmés en un week-end. Les doutes de la stagiaire ont été confirmés par le vétérinaire du coin. Dans cet élevage, on ne s’embarrasse pas des chiens non rentables. Quand ils sont trop vieux pour faire des portées, on les euthanasie. Ceci n’est pas un cas isolé. Se débarrasser des « chiens usés » est pratique commune dans les élevages-usine. Idem pour les chiots malades — si les frais vétérinaires sont plus élevés que le prix de vente du chiot, alors ça ne vaut pas le coup. Ici, la marge prime sur la compassion. C’est pour cela qu’il est si important de boycotter les animaleries, salons du chiot, ou beaucoup d’éleveurs sur leboncoin. Trop souvent, cela sponsorise l’élevage intensif, et toutes les horreurs qui vont avec. Animaux abandonnés : refuge ou abattoir? Le dilemme des refuges : comment accueillir de nouveaux chiens quand les chenils sont pleins? Avant de travailler avec mon association actuelle, j’étais bénévole dans un refuge. Deux fois par semaine, je passais une après-midi à promener les chiens, rarement sortis de leur chenil. Le sujet des refuges est complexe, alors je vais clairement prendre parti. Le plus souvent, ils font de leur mieux — avec le peu de moyens qu’ils ont. Celui que je côtoyais recueille un maximum de chiens. Ils les nourrissent, les promènent, les soignent, avec le peu de personnel et quelques bénévoles engagés. Et parfois, ils euthanasient. Car telle est le triste dilemme auquel les refuges sont confrontés. En août, les chenils sont pleins à craquer. Personne n’adopte. Les abandons affluent. Il faut se rendre à l’évidence : les refuges n’ont plus de place pour les nouveaux arrivants. Et certains chiens ne se feront jamais adopter. Le plus souvent, ils essayent de confier ces chiens à d’autres associations. Mais les familles d’accueil bénévoles se font rares. Les refuges en parlent rarement. Mais souvent, c’est le vieux griffon avec une maladie de peau qui recevra la piqure fatale. Ou le grand Malinois un peu menaçant. En bref : les chiens qui ont le moins de chance de trouver une famille. Cela me désole au plus profond de moi-même. C’est la triste réalité. Les refuges sont-ils vraiment à blâmer? À mon avis, moins que les animaleries qui vendent les chiots comme des sacs à main. Moins que les maîtres qui les abandonnent lâchement. Ce qui est scandaleux, c’est que pour certains refuges, l’euthanasie n’est pas le dernier recours. C’est une solution jugée «pratique». Il y a quelques mois, mon association a recueilli de justesse un jeune labrador — ma collègue l’avait récupéré à un refuge, sur le point de l’euthanasier. Raison de l’euthanasie ? Le labrador boîte. Il aurait fallu le soigner. La vétérinaire est déjà surbookée. C’est plus pratique comme ça. Écœurant. Ce cas n’est pas le seul. En 2018, la directrice de la SPA des Yvelines est licenciée pour des euthanasies non justifiées. En 2017, la SPA de Pau est accusée d’avoir tué 1 700 de chiens et chats entre 2010 et 2013 — entre une et deux euthanasies quotidiennes. Je vous épargnerai les photos de chiots retrouvés dans les congélateurs ; la description des asphyxies à l’éther quand le vétérinaire était absent ; les dizaines de témoignages de maîtres qui n’ont jamais pu retrouver leur chien fugueur, euthanasié sans respecter le délai légal. Et pourtant, la France s’en tire bien. Les 20 dernières années, aux États-Unis, le refuge PETA2 en Virginie a euthanasié plus de 84 % de ses chiens et chats «rescapés» - et jusque 97 % des animaux qu’ils avaient récupérés en 2007. Leur taux d’adoption : 1 %. Scandaleux — surtout pour une association qui se dit de protection animale. Attention – je tiens néanmoins à nuancer mon propos, car il ne s’agit que du refuge PETA situé en Virginie. Hormis ce triste scandale, PETA est une association qui fait de son mieux pour œuvrer dans la protection animale. L’horreur avec ce refuge PETA en particulier est que ses salariés parcourent les rues à la recherche d’animaux errants. Parfois, ils embarquent même des chiens de famille devant leur porte si les maîtres ne sont pas présents. Ça vous parait aberrant ? Pourtant c’est la réalité. PETA a par exemple dû verser 49 000 $ de dommages et intérêts à la famille de Maya, petite chihuahua saisie puis euthanasiée dans les 24 h par l’association. Maya avait été subtilisée pendant que ses maîtres s’étaient absentés de chez eux3. Comme elle était sur le porche, PETA l’a traitée comme un chien errant. Mais où va-t-on ? Heureusement, tous les refuges ne pratiquent pas l’euthanasie systématique. Mais je ne peux qu’exprimer mon dégoût face à ceux qui s’en servent par souci de commodité et rentabilité. Quand la loi oblige l’euthanasie Parfois, c’est notre loi même qui nous oblige d’euthanasier nos propres chiens. Si votre chien mord ne serait-ce qu’une seule fois, l’article L.211-14-2 du Code rural et de la pêche maritime4 vous contraint de le déclarer au maire de votre commune. Ce dernier va alors vous imposer une formation et une évaluation comportementale de votre chien. Jusque-là, c’est compréhensible. Ce qui est inquiétant, c’est l’article D211-3-2 du Code rural5 — il dispose sur le classement de dangerosité du chien « mordeur ». Si le chien est classé niveau 4, le vétérinaire conseille (et le maire impose) de le placer dans un «lieu de détention adapté», ou de faire procéder à son euthanasie. En d’autres termes, soit vous enfermez votre chien chez vous sans jamais le sortir, soit vous le tuez. Ce qui est aberrant, c’est la description du chien de « dangerosité » niveau 4 : «le chien présente un risque de dangerosité élevé pour certaines personnes ou dans certaines situations». Pénélope représente un danger pour les petits enfants dans la situation où ils viendraient lui sauter dessus brusquement pendant qu’elle dort dans son panier. Je n’ai aucun doute là-dessus : si un jour ça arrive, elle mordra. Pas fort, en contrôlant sa morsure, mais elle mordra quand même. C’est une réaction normale pour la plupart des chiens. Cela justifie-t-il une euthanasie ? Bien sûr que non ! Il est temps que la loi change. La grande majorité des cas d’agressivité sont dus à une éducation non adaptée. À des traumatismes subits par le chien. À un non-respect de ses besoins. Apprendre aux maîtres à mieux comprendre leur animal me semble plus juste qu’euthanasier un chien traumatisé.   Il est temps que les lois, les mœurs, et les habitudes changent envers nos fidèles compagnons. Soignons nos chiens, pour qu’ils vivent en bonne santé le plus longtemps possible. Arrêtons d’adopter en animalerie ou chez des éleveurs-usines. Luttons pour une loi plus conciliante envers nos compagnons. La route est longue, mais j’ai bon espoir. Si vous aussi vous êtes révoltés par ce type de pratique, vous pouvez laisser un commentaire ci-dessous. Vos témoignages me sont toujours utiles. Amicalement, Claude Lefevre 1 http://www.boulesdefourrure.fr/index.php?post/2012/06/22/Vieux 2 People for the Ethical Treatment of Animals 3 https://www.huffingtonpost.com/entry/killing-animals-petas-open-secret_us_59e78243e4b0e60c4aa36711?guccounter=1 4 https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006071367&idArticle=LEGIARTI000019062509&dateTexte=&categorieLien=cid 5 https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000019754334&cidTexte=LEGITEXT000006071367
 

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