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Les chiens de race sont-ils plus malades ?

Publié le 09 Juin 2020
Les chiens de race sont-ils plus malades ?

Je n’ai jamais adopté autre chose que des « croisés-poubelle ». D’abord, parce qu’on est sûr d’avoir un chien original – il n’y en a pas deux comme ma Pénélope !

Ensuite, parce que la popularité des chiens de race m’a un peu désabusé. En refuge, un labrador a beaucoup plus de chance de se faire adopter qu’un mélange d’on ne sait quoi. Est-ce à cause du prestige de la race ? Parce que les gens pensent (à tort), qu’avec telle ou telle race de chien, ils obtiendront le caractère rêvé pour leur animal ? Qui sait.

La troisième raison de mon choix fait l’objet de ma lettre aujourd’hui.

C’est presque unanime chez les propriétaires de chiens : les « bâtards » ont généralement une meilleure santé.

Fausse croyance ou fait scientifique ?

Les chiens de race ont-ils, oui ou non, un faible patrimoine génétique ?

Pour être en bonne santé, un chien a besoin d’un large patrimoine génétique. Mais qu’est-ce que cela veut dire au juste ?

Prenons l’exemple d’une race peu populaire : le chien d’eau portugais.

Tous les chiens de cette race, relativement récente, sont issus de 6 ancêtres, qui forment environ 80% du patrimoine génétique de cette race.

6 ancêtres, c’est peu. Cela ne permet que très peu de variations génétiques. Au fil des générations, les chiens ont été susceptibles de se reproduire entre cousins éloignés… Et c’est ainsi qu’à force de consanguinité, se développent les tares génétiques.

Mais qu’en est-il du Berger Allemand ? Du Golden Retriever ? Du caniche ? De toutes ces races très rependues, qui existent depuis des générations ?

La consanguinité entre chiens est une affaire lucrative.

En réalité, tout dépend de l’élevage d’où provient le chien.

Une minorité de chiens de race viennent d’élevage consciencieux. Ces derniers prennent soin de varier au maximum le patrimoine génétique de leur cheptel. Par exemple, ils sont prêts à aller dans un autre pays pour trouver le papa de leur future portée. Ainsi, ils s’assurent que le chien reproducteur n’est pas un cousin éloigné. On évite la consanguinité, et on donne aux chiots une chance d’être en excellente santé, toute leur vie.

Hélas, la majorité des chiens de race ne bénéficient pas d’un tel patrimoine génétique.

Dans les élevages intensifs, il est bien plus rentable de faire reproduire toujours le même mâle, avec quelques femelles. Certaines qui ont un lien de consanguinité très proche avec leur reproducteur. Par exemple, il n’est pas rare de laisser un père s’accoupler avec sa progéniture… générant ainsi de graves tares génétiques.

Mais peu importe ! Du moment qu’on obtient un carlin avec un museau très écrasé ; un Basset avec les paupières très tombantes ; ou un Shar-pei avec la peau très plissée, on est prêt à tout. Car après tout, c’est ce que le consommateur recherche…

Et c’est ainsi que certaines tares se sont développées chez les chiens de race. Voici les plus communes.

Des Rottweilers dysplasiques et des Teckels paralysés

Une recherche menée par des chercheurs à l’université de California-Davis a étudié 24 maladies génétiques répandues chez le chien, de 1995 à 2010¹. Différents cancers ; troubles cardiaques ; endocriniens ; orthopédiques…

Sur ces 24 maladies, 10 étaient manifestement plus répandues chez les chiens de race (indépendamment d’éventuels liens de consanguinité).

Celles qui étaient aussi communes chez les croisés que les chiens de race étaient, entre autres :

  • Tous les types de cancer (ce qui n’est pas surprenant, puisque 90% des cancers sont liés à des causes environnementales)² ;
  • Certaines maladies cardiaques, comme la communication interventriculaire
  • La dysplasie des hanches (bien que souvent, cette maladie soit plus commune chez les croisements de grandes races, comme le croisé labrador, Bouvier Bernois, Rottweiler…).

Mais 10 maladies sont effectivement plus présentes chez les chiens de race :

La sténose aortique, une maladie cardiaque très présente chez le Terre-neuve, mais aussi le Berger Allemand, le Boxer, le Golden Retriever et le Rottweiler. Le Basset Hound, le Bull-terrier, le Bouledogue, le Corgi et le Dogue allemand ne sont pas non plus à l’abri³.

Cette maladie est un rétrécissement de l’aorte, un gros vaisseau qui part du cœur, pour répartir le sang oxygéné dans tout l’organisme. Chaque effort devient coûteux pour le chien : il peut faire des syncopes, et les crises cardiaques sous forme d’une mort subite ne sont pas rares.

La cardiomyopathie dilatée est quand les cavités cardiaques, et notamment les ventricules, sont dilatées. Le cœur ne peut ainsi par assurer sa fonction de pompe, conduisant à l’insuffisance cardiaque, et un risque de mort subite.

Il est particulièrement répandu chez les très grandes races : le Berger Allemand, le Boxer, le Dogue de Bordeaux, le Caniche, le Golden Retriever, le Rottweiler, le Labrador, le Mastiff…

L’hypothyroïdie, quant à elle, est particulièrement répandue chez le Beagle, le Caniche, le Chow-chow, le Doberman, le Golden Retriever, le Poméranien, le Setter irlandais, le Shar-pei, le Shetland, et le Teckel. Les symptômes sont très variables : un manque d’appétit avec pourtant une prise de poids ; fatigabilité ; intolérance au froid ; poil terne et clairsemé…

La dysplasie du coude, où l’articulation mal emboîtée mène à des douleurs arthrosiques sévères, est très répandue chez le Labrador, Golden, Rottweiler, Bouvier Bernois, Berger Allemand, Saint Bernard, Mastiff, et le Basset Hound.

La dégénérescence des disques intervertébraux, qui cause de fortes douleurs lombaires aux chiens, est extrêmement répandue chez le Teckel – sans grande surprise, puisque le standard des élevages a voulu allonger son dos au maximum, au mépris de sa santé. Pour les mêmes raisons, le Corgi et le Basset sont particulièrement touchés, mais aussi d’autres races, majoritairement de petite taille, comme le Beagle, le Bouledogue, le Shitzu, le Carlin, le Jack Russel, le Lhassa Apso, le Caniche toy, et le Cavalier King Charles.

Certaines races sont aussi plus sensibles aux allergies, et notamment aux dermatites, comme le Bouledogue français ou anglais, le Westie, le Bull-terrier, le Jack Russel, le Labrador, le Golden, et le Boxer.

Le retournement d’estomac, lui, touche particulièrement le Saint Bernard, le Setter Irlandais, le chien de Saint-Hubert, le lévrier irlandais, et le Dogue allemand.

Les Caniches toy, les Terriers australiens à poil soyeux (très proches du Yorkshire), les Terriers de Boston (très proches du bouledogue) étaient très sujets aux cataractes.

L’épilepsie, quant à elle, touchait particulièrement les Beagles, Épagneuls Papillon, et les Caniches.

Enfin, le Shunt du foie (une dérivation de la circulation sanguine d’où résulte un mélange des sangs artériels et veineux), touche particulièrement le Bichon Maltais, le Yorkshire, et le Carlin.

Certaines races ont développé une mutation génétique, les rendant ultra-vulnérables à ces médicaments très répandus :

Chez certaines races, et particulièrement le Border Collie et ses cousins (Berger Australien, Colley, Berger Blanc Suisse, et Berger des Shetland), il existe une mutation du gène MDR1.

Je précise que cette liste est incomplète, car tout chien croisé issu de ces races, même très éloigné, peut être porteur de la mutation. Il est donc probable que dans les années à venir, d'autres races soient ajoutées à cette liste.

Cette mutation les rend particulièrement sensibles à certains médicaments, et notamment les traitements antiparasitaires.

Le gène MDR contrôle une protéine, qui joue un rôle crucial dans le cerveau : elle sépare la circulation sanguine du système nerveux.

Lorsque le gène mute, cette protéine ne fonctionne plus, voire est complètement absente. Résultat : le médicament s’accumule au niveau du système nerveux.

Et je ne parle pas de n’importe quel médicament : je fais référence à notamment l’ivermectine, puissant insecticide utilisé dans l’immense majorité des vermifuges chimiques.

Les conséquences apparaissent 48 heures après la prise du médicament : perte de l’équilibre, tremblements, convulsion, coma, vomissements… Pouvant aller jusqu’à la mort.

Un vétérinaire bien informé proscrira donc les médicaments contenant de l’ivermectine aux chiens issus de croisements types Colley.

Est-ce le cas du vôtre ? Il y a 3 ans, le mien m’avait prescrit un tel vermifuge pour Pénélope et Merlin. Pourtant, ils sont tous les deux à moitié Border Colley. Mon vétérinaire a pris un risque énorme, sans même se poser la question. Merlin avait vomi, mais sans plus – j’ai eu de la chance.

Depuis, j’ai changé de vétérinaire. Et pour mes trois chiens, je vermifuge avec une alternative naturelle.

(D’ailleurs, je vous la partage ici si vous souhaitez l’utiliser avec votre chien :

Je vermifuge mon chien naturellement

C’est un super produit – quand je me suis mis au naturel, j’étais de prime à bord un peu dubitatif sur l’efficacité de ces remèdes… Et franchement j’ai été surpris ! Il y a 2 ans, j’avais oublié de vermifuger Maki (mea culpa !), et ses scelles étaient infestées de vers. En quelques jours de cure, il n’en avait plus un seul.

L’idéal, pour vermifuger son chien, est de le faire à chaque changement de saison – et nous arrivons bientôt en été. Je vous laisse donc découvrir mon vermifuge – particulièrement si votre chien est croisé Border.

Mais revenons-en à nous moutons :

Alors, chien croisé ou pure race ?

S’il faut conclure sur la sensibilité (ou non !) des chiens de race, retenons ces trois points.

Concernant les cancers, l’immense majorité est liée à des causes environnementales. La race du chien aura donc un impact moindre comparé à, par exemple, son alimentation ; ou son exposition aux toxines (comme les antiparasitaires chimiques).

Pour certaines races, et certaines maladies, le chien de race est effectivement plus solide. Le Yorkshire, le Labrador, le Rottweiler, le Basset sont quelques exemples.

Néanmoins, ces chiens ne sont pas tous condamnés.

Certains éleveurs font un gros travail de détection des gènes défectueux chez leurs chiens ; et refusent de faire reproduire un animal porteur. Ainsi, ils luttent contre ces maladies génétiques, de plus en plus répandues.

Hélas, tel n’est pas le cas des chiens reproduits pour des animaleries ; vendus aux salons de chiots ; ou bradés sur leboncoin.

Si vous êtes déterminé à adopter une race en particulier, c’est compréhensible. Mais retenez ceci : si vous adoptez en élevage, attention à la provenance. L’éleveur a-t-il fait les tests pour les maladies fréquentes ? Que peut-il vous dire sur les parents ? Les grands-parents ?

Et encore mieux : faites régulièrement un tour aux refuges, ou dans les associations de votre région. On y trouve de toutes les races ; vous sauvez ainsi un chien de l’abandon ; et vous ne sponsorisez pas la reproduction irréfléchie et abusive de races « à la mode ».

Pour ma part, je suis très heureux de mes trois croisés-poubelle, tous recueillis !

  1. http://mercola.fileburst.com/PDF/HealthyPets/InheritedDisordersOfDogs.pdf
  2. https://www.morrisanimalfoundation.org/golden-retriever-lifetime-study
  3. https://www.fregis.com/infos-sante/stenose-aortique-chez-chien/
 

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