« Invendus » d’élevages : le laboratoire sera-t-il la prochaine étape ?

Depuis le 17 mars, un nouveau décret¹ a modifié des articles du code rural sur les animaux de laboratoires.

Mais qu’en est-il de cette mise à jour ?

Les particuliers pourront-ils faire un bénéfice en abandonnant leur chien, en le vendant à des labos, pour finir en cage, soumis à divers produits chimiques, jusqu’à la fin de leurs jours ?

N’importe quel élevage avec des « invendus » pourra-t-il s’en débarrasser grâce à ce trafic effroyable ?

Ce qui a réellement changé sur l’utilisation des animaux à des fins scientifiques.

L’effroi autour de ce décret a été fulgurant. En conséquence, un buzz rempli de vérités mais aussi de fausses informations.

Habituellement, les animaux destinés aux laboratoires proviennent d’éleveurs agréés.

Plus de 9 animaux sur 10 utilisés pour la science en France proviendraient de ces filières². Les chiens sont élevés dans l’unique but de finir en cage, pour subir divers tests. On commence déjà bien fort dans l’horreur.

Cependant, une phrase du décret a été remplacée.

Avant le 17 mars, des dérogations pouvaient être accordées :

« sur la base d'éléments scientifiques dûment justifiés ;
lorsque la production des éleveurs agréés est insuffisante
ou ne convient pas aux besoins spécifiques du projet».

Aujourd’hui le décret considère qu’une dérogation peut être accordée seulement « sur la base d'éléments scientifiques dûment justifiés ».

Mais que veut dire cette phrase exactement ?

30 Millions d’Amis, One Voice, Brigitte Bardot : Les associations de protection animale divisées.

Chaque association en a conclu sa version des faits. Et pour cause, la formule employée dans le décret est délibérément floue.

30 Millions d’Amis a alerté que n’importe qui pourrait maintenant vendre son animal à des laboratoires - élevages de chiens de chasse, d'animaux de compagnie ou encore les particuliers³.

One Voice a exprimé un assouplissement des modalités d’approvisionnement des laboratoires en animaux par le gouvernement. Les élevages non agréés auraient maintenant l’autorisation de vendre leurs invendus aux laboratoires⁴.

L’association Brigitte Bardot est d’un autre avis. Selon elle, ce décret permet de limiter les dérogations, puisque les raisons pour bénéficier de la dérogation sont moins nombreuses. À présent, une dérogation sera uniquement « sur la base d’éléments scientifiques dûment justifiés »⁵.

Pourtant quelques 12,6 millions d’animaux élevés dans les laboratoires de l’Union meurent ou sont euthanasiés sans même avoir été expérimentés.

Même si les laboratoires sont fournis par des élevages agréés, dont les chiens naissent pour être testés, cette méthode reste inhumaine.

C’est la raison pour laquelle ce décret doit être abordé avec méfiance.

Tous les animaux sont des êtres sensibles dont le bien-être est la dernière priorité des laboratoires.

Les mauvais élevages sont déjà en lien étroit avec le système pour faire disparaître leurs invendus. Les chiffres sont facilement tronqués pour minimiser le problème.

Près de 10 millions d’animaux seraient utilisés chaque année en Europe pour la recherche et les tests⁶.

La réalité est pourtant bien différente.

Tous les animaux génétiquement modifiés, présentés séparément, les animaux réutilisés plusieurs fois, les animaux sous formes fœtales et les animaux tués pour prélever des organes et tissus ne sont pas pris en compte dans ce chiffre.

À ces animaux s’ajoutent ceux qui n’auront jamais été testés à cause des maladies, de la vieillesse ou simplement parce qu’ils seront jugés inutiles.

Bref, la majorité des animaux utilisés de façon directe ou indirecte à des fins scientifiques ne sont pas comptabilisés.

Pourtant, 86% des français sont pour l’interdiction totale de toute expérimentation animale⁷. Mais pour les laboratoires, se fournir en animaux, et en disposer dès qu’ils sont à bout est une option facile et peu couteuse encore trop largement privilégiée.

J’aimerais finir sur une note plus positive, en vous partageant le travail d’une association : le Graal⁸. Cette association récupèrent des chiens de laboratoires pour leur offrir une retraite paisible au sein d’une famille aimante – leur évitant ainsi l’euthanasie après des mois ou des années de torture. N’hésitez pas à la soutenir, car elle fait un travail formidable.