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Les mauvais maîtres

Publié le 25 Août 2021
Les mauvais maîtres
Dans cet article, nous partageons un “coup de gueule” de l'Association In Dog We Trust. (Pour ceux d’entre vous qui ne la connaissent pas, In Dog We Trust est une association spécialisée dans le sauvetage, la rééducation, et l’adoption de chiens réactifs. Sa fondatrice, Gaëlle, récupère des chiens extrêmement agressifs, et les réhabilite, aidée d’éducateurs canins bienveillants, puis elle leur trouve une famille. Elle a d’ailleurs déjà rédigé quelques articles pour notre Revue ! Si vous souhaitez en savoir plus sur cette asso, voici leur site internet). “Il n’y a pas de mauvais chiens, que des mauvais maîtres” Voici une phrase qu’on entend souvent… Et qui est tout bonnement fausse, et même carrément injuste. Et pour plusieurs raisons. D’abord, comme le fait remarquer In Dog We Trust : Qu'est-ce qu'un "mauvais chien"? Un chien qui a mordu, une fois dans sa vie, mérite-t-il d’être qualifié de « mauvais » ? Et un chien qui mord à chaque fois qu’on le brosse ? Et un chien qui mord uniquement quand il a peur ? Qu’en est-il du chien hyperactif, qui refuse de se poser ? Du chien qui aboie quand il est seul ? Du chien qui n’a aucun rappel, parce qu’à chaque fois qu’on le lâche, il ne pense qu’à courser les lapins ? À quel moment qualifie-t-on un chien de « mauvais » ? Bref, cette appellation laisse à désirer. Mais c’est surtout la seconde partie du dicton qui pose problème. Arnaud et Emmeline ont adopté leur chien à la SPA il y a quelques mois. Il s’appelle Fox, c’est un croisé Malinois, et Fox déteste les autres chiens. Impossible de le lâcher : il se rue sur le premier venu, et l’attaque brutalement. On ne connait pas l’histoire de Fox, mais une socialisation ratée, et une génétique qui laisse à désirer en ont fait un chien très très réactif. Arnaud et Emmeline savent que les chances d’adoption de Fox sont faibles. Ils savent ce qui arrive aux chiens agressifs qui ne trouvent pas d’adoptants. Alors ils le recueillent. Et, même s’ils ne regrettent pas leur choix… ils sont souvent découragés par l’ampleur du travail. À chaque promenade, Emmeline et Arnaud sont aux aguets. Ils ne sortent jamais sans leur clicker et leurs friandises. Dès qu’ils croisent un autre chien, ils changent de trottoir, voire font demi-tour. À chaque promenade, Fox est muselé, et attaché. (Un jour, ils l’ont sorti sans muselière, mais ont croisé un autre chien à un coin de rue. Fox l’a attrapé à l’oreille et l’a sévèrement blessé). Les promenades ne sont pas une partie de plaisir : c’est du travail. Du stress. De la préparation. Parfois même de la force physique (car retenir un chien de 30kg qui se jette sur ses congénères, ce n’est pas toujours simple). Arnaud et Emmeline ne baissent pas les bras, mais les progrès sont lents. Il y a énormément de travail à rattraper. Alors, quand ils entendent « Il n’y a pas de mauvais chiens… mais que des mauvais maîtres ! », ils ont parfois envie de jeter l’éponge. Ils culpabilisent. Ils se demandent si c’est leur faute. Ils se demandent s’ils sont à la hauteur. Si ça vaut vraiment le coup de s’imposer toutes ces contraintes… Font-ils partie de ces fameux « mauvais maîtres » ? Chiens à problèmes : arrêtons de blâmer systématiquement leurs humains ! Ce n’est pas forcément la faute du maître si un chien est agressif. Anxieux. Malpropre. Inattentif. Les chiens ont leur propre individualité, et il y a un tas de facteurs qu’on ne contrôle pas – encore plus quand on adopte un chien adulte, en refuge. La génétique. Un traumatisme pendant la gestation. La socialisation étant chiot. Des expériences préalables traumatisantes. Tous ces facteurs peuvent mener à des troubles comportementaux… et l’adoptant n’y peut absolument rien, à part réagir quand il le détecte. Je cite ici Gaëlle, d’In Dog We Trust : « J’ai rencontré beaucoup de propriétaires de chiens qui ont absolument tout sacrifié pour leur toutou terrible. Déménagement dans un endroit sans stimulation ; cours avec un super éducateur ; pratique tous les jours sans vaciller ; adaptation de l’environnement, du système familial ; augmentation de l’activité physique ; mise à temps partielle voir arrêt de travailler pour rester avec monsieur canidé ; mise à des disciplines canine diverses… et toutou reste réactif. » Oui, certains maîtres éduquent leur chien n’importe comment. Cela arrive, bien évidemment. Mais halte aux généralisations hâtives. Félicitons plutôt ceux qui ne baissent pas les bras. Non, parfois, l’amour et la patience ne suffisent pas. Parfois, il faut énormément de travail. De temps. D’aide. De conseils. Et parfois, dans les cas les plus graves, même avec tout cet investissement, le chien reste réactif. Et ce n’est pas votre faute. Alors stop au dicton « Il n’y a pas de mauvais chiens… Justes des mauvais maîtres ». Ayons plutôt de la compassion, pour ces « mauvais maîtres » qui ne baissent pas les bras, et qui assument pleinement leurs chiens agressifs ; inattentifs ; ou anxieux. Concluons en citant, une dernière fois, In Dog We Trust : « À vous, propriétaires de chiens réactifs, merci pour vos poilus. Merci pour tous vos sacrifices, merci pour votre engagement auprès d’eux, vous êtes les meilleurs. Même si l’échec est toujours à 2 doigts, vous avez réussi plus que 80% des propriétaires de chiens. Et même si personne le voit : on s’en fout : ) Bravo à vous, et merci pour eux ! »

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