Quand votre chien vous imite

J’ai gardé il y a quelques jours les chiens d’une amie, et ce que j’ai pu constater de la cohabitation entre toute cette troupe était plutôt étonnant. Les deux chiens en question : un labrador nommé Pilou et un croisé cocker, Roberto. Ils ont déjà eu l’occasion de jouer avec mes 3 loustics, mais c’était réellement la première fois qu’ils partagaient un quotidien. Pilou et Roberto s’entendaient surtout très bien avec Pénélope. C’est d’ailleurs à trois qu’ils ont passé le plus clair de leur temps. Quand l'un faisait une action, les deux autres répétaient C’était assez amusant. Il y a eu cette fois, où, Roberto est allé ouvrir la porte du placard où se trouvaient les croquettes pour aller se servir directement. Je le rappelle, le distrait et referme le sachet de croquettes et la porte en question (c’était une porte coulissante, un coup de patte bien placé et elle s’ouvrait). Je continue ce que j’étais en train de faire, puis, j’entends de nouveau la porte s’ouvrir et le bruit du sachet de croquettes. Ce n’était pas Roberto qui retournait à son festin de roi, mais bien Pénélope qui avait pris exemple sur lui, en se léchant allégrement les babines. Pourtant, c’est quelque chose qu’elle n’avait jamais fait. J’étais vraiment très étonné. C’est à cet instant que j’ai commencé à m’interroger sur le mimétisme, et le deuxième événement n’a fait que confirmer mes interrogations. Nous étions au parc avec les 5 zigottos - d’ailleurs, je ne vous cache pas que promener cinq chiens demande une certaine organisation… ;) - quand je m’installe sur un banc. Ils sont tous lâchés, jouent et profitent du grand espace qui s'offre à eux. Comme à son habitude, Pénélope vient à ma rencontre pour me demander des câlins. Ni une ni deux, c’est Roberto et Pilou qui se précipitent en courant pour venir me réclamer des “petites papouilles”. Puis, Pénélope monte sur le banc et se colle contre moi. Devinez qui a voulu en faire de même ? Roberto et Pilou bien sûr ! J’en ai discuté plus tard avec mon amie, et elle me disait que ses chiens n’avaient jamais fait ça. Ils montent parfois sur le canapé, mais quand ils sont en extérieur ils sont bien trop occupés à faire les zouaves. Encore plus étonnant, n’est ce pas ? et bien, quand on y réfléchit, pas tant que ça. Déja chiot, un chien va fonctionner par imitation pour ses apprentissages Ce n’est plus à prouver, les premiers instants de l'éducation d’un chiot, ce sont les moments qu’il passera avec sa mère, et c’est par mimétisme qu’il apprendra. C’est d’ailleurs notamment pour cette raison qu’il est souvent recommandé de choisir un élevage responsable, où les parents sont équilibrés. Car, si la mère a des comportements agressifs, il est fort probable que le chiot reproduise ces mêmes comportements. De même, des chiots qui grandissent ensemble vont beaucoup s’entraîner dans leurs actions. J’ai pu le constater avec Pénélope, Maki et Merlin quand ils ont grandi. Ils s’inspiraient beaucoup mutuellement, et, encore aujourd’hui, je les vois avoir quelques comportements similaires. Certains humains de chien peuvent en témoigner : lorsqu’ils adoptent un chiot alors qu’un chien adulte est déjà dans le foyer, le chiot va imiter ses comportements. Il apprendra à faire ses besoins dehors en voyant son congénère le faire, il apprendra à s’asseoir ou à se coucher sur commande plus rapidement en observant les réactions de son copain… D’où provient ce mimétisme ? Une étude italienne a révélé que nos chiens éprouvent de l'empathie Pour rappel, l’empathie correspond à la capacité à s’identifier à autrui dans ce qu’il ressent. Une des formes d’empathie très répandue chez les humains, mais aussi chez les singes, est la contagion émotionnelle. Elle rend les individus capables de ressentir les émotions des autres. Pour l’humain et les singes, cela se traduit principalement par des expressions faciales. Quand une personne rit en face de vous, très rapidement vous allez ressentir sa joie, et peut être même rire avec lui, en un laps de temps très rapide. Cette étude⁽¹⁾ a révélé que les chiens, eux aussi, se servent de la contagion émotionnelle - et donc font preuve d’empathie, envers d’autres congénères. Pour arriver à de telles conclusions, les chercheurs se sont rendus dans un parc, où des chiens étaient lâchés et pouvaient interagir les uns avec les autres. Ce sont près de 49 chiens qui ont été observés. Ces séances d’observation ont été filmées pour que les chercheurs puissent analyser les comportements de chacun des canidés. Le résultat de cette étude est bluffant. Lorsqu’un chien se mettait en position de jeu (en arc, l’arrière train en l’air), l’autre en faisait autant. Quand un chien envoyait un signal de détente (bouche ouverte), le chien en face de lui réagissait de la même manière. Ce qui est encore plus surprenant, c’est que l’étude a constaté que les chiens s’étant déjà vus auparavant, qui étaient familiers, avaient une réponse mimétique encore plus forte ! Ce qui explique de telles interactions entre Pénélope, Roberto et Pilou. Qu'en est-il avec l'humain ? Et bien cette contagion émotionnelle ne s’arrête pas à une dimension intraspécifique. Une autre étude⁽²⁾ a été menée sur la communication affective entre l’humain et le chien. Les résultats ont été les suivants : la présence ou l’absence de signaux affectifs de la part de l’humain vont perturber les comportements de son compagnon à 4 pattes. C’est quelque chose que l’on remarque beaucoup en éducation canine par exemple. Imaginez que votre chien est réactif aux congénères. Les balades sont assez stressantes, car vous avez peur de croiser un chien. Vous rentrez donc dans un état de vigilance extrême. Et bien, votre chien ressent cette inquiétude, et, vous voyant aussi inquiet, il se met lui aussi dans un état d’appréhension élevée. Vous voyez votre chien de plus en plus mal à l’aise et cela vous fait stresser davantage, au point de vous demander où se cache le chien qui le met dans des états pareils. Plus votre stress monte, plus celui de votre chien augmente aussi. Et, arrive le moment de la rencontre. Votre chien explose, il relâche tout ce stress accumulé par l’agressivité. Ce scénario est un parfait exemple de contagion émotionnelle, reliée au mimétisme.

Des examens ont été faits et aucune blessure n’a été décelée chez le chien. Quand il n’était pas en compagnie de son humain, il avait une démarche tout à fait normale, mais dès qu’il était en présence de celui-ci, il se mettait de nouveau à boiter. Aussi étonnant que cela puisse paraître, un chien peut également faire du mimétisme avec un animal d’une autre espèce. Quand Médor se prend pour un chat Je vois beaucoup circuler sur internet des photos de chiens qui agissent comme des chats. Cela donne des situations très cocasses qui, personnellement, me font vraiment sourire. (Vous pourrez le voir sur les photos qui suivent

Médor sur l'arbre à chat

Mais outre le côté amusant de la chose, c’est aussi très intéressant. En effet, ces chiens sont pour la plupart, arrivés dans une famille où y habitaient déjà un ou plusieurs chats. En tant que chiot, ils ont donc grandi en imitant ce qui se rapprochait le plus d’un chien chez eux : leurs amis les félins. Comme je l’expliquais plus haut, les chiens se servent beaucoup du mimétisme pour l’apprentissage, tout comme nous les humains : un enfant apprend à marcher sur deux pattes parce qu’il voit ses parents agir ainsi. Dès sa naissance, un bébé va pouvoir imiter ses parents grâce aux neurones miroirs. Ce sont des cellules cérébrales qui s’activent lorsque nous réalisons ou voyons quelqu’un réaliser une action. Elles donnent ensuite au cerveau une représentation de l’action. Le cerveau emmagasine les informations qu’il voit pour pouvoir les reproduire par la suite. Ainsi, le nouveau né peut ouvrir la bouche ou tirer la langue lorsqu’il verra un parent le faire par exemple. Il faut donc croire que le chien n’est pas si différent de nous finalement, puisqu’il se sert aussi de ses neurones miroirs pour s’ouvrir au monde qui l’entoure ! Et vous, avez- vous déjà pu observer de tels comportements chez votre chien ? Dites-nous tout en commentaires :) ⁽¹⁾ https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4807458/ ⁽²⁾ https://link.springer.com/article/10.1007/s10071-015-0934-5