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Quelle option face aux fugues : l’électrocution ou l’éducation ?

Publié le 18 Novembre 2020
Quelle option face aux fugues : l’électrocution ou l’éducation ?
Votre chien saute au-dessus de la barrière de votre jardin ; passe entre vos jambes et se sauve quand vous ouvrez la porte ; part en vadrouille seul dès qu’il en a l’occasion… bref, il fugue. Pratique si vous n’avez pas le temps de le promener ! Mais extrêmement problématique si l’on considère que :
  • vous êtes passable d’une amende allant jusque 150€ si votre chien est en « divagation » - et plus s’il cause un accident
  • votre chien peut être récupéré et amené dans une fourrière, où vous devrez payer pour le récupérer
  • votre chien risque de se faire écraser par une voiture.
Bon. En fin de compte, il vaut mieux éviter de laisser votre chien se promener seul ! Vous n’aviez pas besoin de moi pour le savoir. Mais comment faire si votre chien s’obstine à partir à l’aventure, sans daigner de vous attendre ? Peut-être que ce n’est pas votre cas. Pour ma part, en vacances mes chiens profitent librement du terrain ouvert de ma maison de vacances. Ils ne risquent pas de partir sans moi – ils ont trop peur de rater l’heure du dîner ! Mais si votre chien a tendance à fuguer, cet article vous sera utile. Une option « facile » et douloureuse Trop de propriétaires de chiens pensent choisir l’option « facilité ». Ils investissent dans un collier anti-fugue. Le principe : vous délimitez une zone à ne pas franchir avec un fil d’antenne. Si votre chien s’en approche, le boitier fixé à son collier lui envoie une décharge électrique. Je ne vais pas m’étendre sur la barbarie de l’éducation par l’électrocution, vous connaissez mon point de vue à ce sujet. Non, ici je veux casser un mythe sur le collier anti-fugue selon lequel il suffit d’installer la clôture, de passer le collier à votre chien, et hop, magie ! Après un choc électrique, votre chien comprend instantanément qu’il n’a pas le droit de quitter le jardin. C’est totalement faux. Imaginez. Votre chien marche jusqu’au bout du jardin, comme à son habitude. Il voit un autre chien ; un voisin ; ou un sac plastic emporté par le vent… curieux, il s’avance en sa direction. Quand soudain, il ressent une violente douleur dans le cou. Pourquoi cette douleur ? Est-ce parce qu’il a dépassé la limite du jardin ? Sûrement pas, car toutes les autres fois où il l’a fait, il ne s’était rien passé. De plus, il n’a pas conscience que son territoire est délimité à votre jardin. Pour lui, il ne fait rien de mal quand il déambule sur le trottoir. Votre chien se dit alors que la douleur est peut-être liée à ce qui attirait jusqu’alors son attention. L’autre chien ; le voisin ; ou bien le sac plastique emporté par le vent. Ces choses risquent alors de devenir sources de stress et d’anxiété – avec tous les comportements qui en dérivent (peur, agressivité…). Un collier anti-fugue n’est pas intrinsèquement efficace. Si votre chien a un fort instinct de chasse, peu importe l’intensité du choc, rien ne l’empêchera de courser un lapin qui passe par là, ou le chat des voisins. Pour qu’un tel outil fonctionne, votre chien doit comprendre pourquoi il se fait électrocuter. Vous devez lui enseigner, d’une part, que votre jardin a des limites ; et d’autre part, qu’il est interdit de les dépasser. Et cet apprentissage demande du temps, de la patience, et de l’énergie. Quitte à passer du temps à éduquer votre chien, autant le faire avec une méthode respectueuse – et mettre le collier anti-fugue à la poubelle, non ? Soignez la cause, pas les symptômes ! Votre chien fugue. Avant de savoir comment l’en dissuader, il faut comprendre pourquoi il agit ainsi. Inutile de le punir à chaque fois qu’il commet une bêtise : agir ainsi efface les symptômes d’un éventuel mal-être, au lieu de le résoudre. Je vous donne ci-dessous les cinq principales causes de fugue chez le chien, et la manière d’y remédier. Un athlète sans terrain de sport Mes chiens ont beau passer au moins 12 heures par jour à dormir : ils restent de grands sportifs. En promenade, ils sont capables de courir sans s’arrêter pendant plus d’une heure ; ils se servent de leur flair avec précision ; ils creusent avec déterminationdans tous les terriers de lapin… Bref, ils n’arrêtent pas une seconde. Le besoin d’activité physique d’un chien varie en fonction de sa race, son âge, et son caractère. Un jeune husky aura besoin en moyenne de 4 heures d’exercice physique par jour, alors qu’un vieux carlin va facilement passer 90% de son temps à ronfler sur votre canapé. Mais si votre chien fugue, il y a de grandes chances qu’il le fasse parce qu’il a besoin de se dépenser. La solution : comblez ce besoin d’activité physique de votre chien. C’est impératif. Si votre chien déborde d’énergie, et vous ne le promenez que 20 minutes par jour, ne vous étonnez pas s’il fugue. Les éducateurs canins tiennent particulièrement ce discours face aux personnes qui adoptent des Huskies ; Malinois ; Akita ; ou autre chien « à la mode », sans se soucier des besoins d’activités primordiaux à leur bien-être. Adopter un chien sportif, c’est s’engager à passer grand minimum 1h30 par jour à le promener ! Donc si votre chien est un athlète, assurez-vous qu’il soit suffisamment promené. Votre chien s’ennuie à mourir Même si votre chien n’est pas un grand sportif, il a quand même besoin de s’occuper. S’il s’ennuie 10 heures par jour, pas étonnant qu’il file jouer avec le chien des voisins, ou les enfants du parc à côté. Surtout si, comme moi, vous êtes au bureau 8 heures par jour. Voici quelques astuces pour rendre votre maison plus stimulante et digne d’intérêt pour votre compagnon. Elles vous permettront également de dépenser physiquement votre chien sportif, en complément de ses promenades. J’ai trois piliers d’action : les activités de flair, de réflexion, et les activités masticatoires. Quand je n’ai pas le temps de rentrer pour les sortir lors de ma pause le midi, je laisse à Pénélope, Maki et Merlin :
  • Un Kong avec de la pâtée congelée à l’intérieur. Pour la manger, ils passeront entre 30 minutes et une heure à le mâchouiller. La mastication est 3 fois plus énergivore que la promenade, alors il y a de grandes chances que votre chien fasse ensuite une longue sieste !
  • Un jouet ludique comme une balle à friandises ou un pipolino, que votre chien va devoir faire rouler pour en faire sortir les croquettes. Ça le fait réfléchir, et le dépense intellectuellement. Pour ma part, je sais que mes chiens ne risquent pas de se battre pour des croquettes, mais si vous en avez plusieurs, dont un qui fait de la protection de ressource, ne leur laissez pas ce genre de jouet sans surveillance.
  • Je cache des croquettes éparpillées dans le jardin. Mes chiens doivent utiliser leur flair pour les retrouver, ce qui est également très énergivore. Bien évidemment, j’adapte ensuite leur ration lors des repas (surtout celle de Maki, parce que j’ai remarqué que c’était lui, ce gros glouton, qui trouvait 90% des croquettes cachées !).
Ils sont ainsi occupés une bonne partie de la journée à renifler, mastiquer, réfléchir, et à se promener. Le reste du temps, ils font la sieste sur la terrasse (ou dans le canapé, selon la météo). Pas de fugue au programme ! Votre chien souffre d’anxiété de séparation Si votre chien panique à l’idée d’être seul, il risque d’essayer de vous rejoindre à chaque fois que vous quittez votre maison. Dans ce cas, la priorité est de lui apprendre que rester seul n’est pas « dangereux »; qu’il n’y a pas lieu à s’inquiéter. Si votre chien a peur de la solitude, je vous rappelle que Sara Garcia Galan, comportementaliste canine, a écrit un dossier très complet pour soigner l’anxiété de séparation dans mon livre électronique "Éduquez votre chien avec Bienveillance". Son plan d’action : dédramatiser vos départs, pour que votre chien comprenne qu’il ne faut pas s’inquiéter de votre absence ; et rendre les moments de solitude carrément agréables. Facile dans les faits, ces deux angles d’attaque nécessitent néanmoins un protocole bien précis, que Sara explique en détail dans son article. Un événement perturbant dans une vie de chien Votre chien peut ne pas se sentir serein à la maison. Je me doute bien que vous ne le maltraitez pas. Néanmoins, il peut arriver qu’un événement incongru le perturbe. En conséquence, il est plus enclin à se sauver. Je vais vous donner l’exemple d’Helly, une vielle Setter anglaise que j’avais gardée pendant quelques semaines en famille d’accueil. Helly était un chien assez calme, câlin ; en promenade, on pouvait même la détacher la plupart du temps. Mais parfois, il lui arrivait d’escalader le mur de mon jardin, en s’appuyant sur les branches d’arbre et les buissons, et de prendre la poudre d’escampette. J’étais perplexe. Pourtant, Helly faisait 1h30 de promenade quotidienne ; à chaque fois qu’elle fuguait, j’étais à la maison avec elle ; elle s’entendait bien avec tout le monde dans ma meute… En fait, Helly était tout simplement stressée par cette nouvelle vie. Elle venait de se faire abandonner ; l’environnement ne lui était pas familier… Il lui a fallu plusieurs semaines pour être plus sereine dans mon jardin. Ainsi, si vous venez d’adopter un chien ; de déménager ; d’avoir un enfant… Bref, que votre animal traverse une période stressante dans sa vie de chien, il se peut que ce soit la cause de ses fugues. Dans ce cas, prenez votre mal en patience. Ne le laissez pas aller dans le jardin sans laisse ou sans surveillance ; accordez-lui beaucoup de temps et d’attention. Cela finira par passer. Une distraction irrésistible Si votre chien est un mâle non castré, qui sent une femelle en chaleur dans le voisinage ; s’il voit un lapin passer par là ; s’il a terriblement envie de jouer avec les chiens des alentours… Alors il sera d’autant plus tentant de sauter au-dessus de la clôture. Essayez alors de comprendre ce qui a poussé votre chien à se sauver. Si c’est le jeu avec ses congénères, alors assurez-vous qu’il côtoie un maximum de copains lors de ses promenades. Peut-être serait-il même bénéfique d’adopter un deuxième chien (à condition que lui non plus ne soit pas enclin à fuguer, sinon cela risque d’arriver deux fois plus !). Quant à l’instinct de chasse, ou le besoin naturel de se reproduire, hélas, il est très très difficile d’en venir à bout. Ces comportements sont bien ancrés dans les gènes de nos chiens. Dans ce cas, la seule solution qui s’impose est d’avoir un jardin bien clôturé, avec des murs assez hauts pour qu’il ne saute pas au-dessus. Gardez bien en tête que si votre chien a l’occasion de fuguer une fois, ce comportement risque de s’autorenforcer. En effet, si en faisant le tour du quartier, Médor a l’occasion de manger des restes de poubelles, de jouer avec d’autres chiens, et de courser les poules du voisin, il se rendra compte que les fugues représentent une manière formidable d’occuper son après-midi ! Il a de grandes chances de recommencer le lendemain. C’est pour cela qu’il est crucial de prendre les dispositions nécessaires pour que votre chien n’ait jamais l’occasion de se sauver. Si votre jardin n’est pas clôturé, ne le laissez pas sortir sans être en longe – quitte à le promener plus souvent. Après quelques mois sans fugue, avec des journées bien remplies d’activités diverses et variées, votre chien oubliera que faire le tour du quartier solo est un hobby envisageable. Pénélope, Maki, et Merlin, eux, sont bien trop occupés à ronger leur bois de cerf et faire la sieste au soleil pour se promener tous seuls !

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