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Reproduction déraisonnée de chiens malades : jusqu’où iront les éleveurs ?

Publié le 17 Novembre 2020
Reproduction déraisonnée de chiens malades : jusqu’où iront les éleveurs ?

Je ne suis pas fondamentalement opposé aux éleveurs de chiens.

Certes, je suis persuadé que les meilleures adoptions sont celles qui donnent une seconde chance aux animaux abandonnés.

Mais je sais aussi reconnaitre qu’il existe de bons élevages. Des élevages menés par des personnes passionnées, concernées par le bien-être de leurs chiens.

Puis, il y a les autres.

J’ai pu dénoncer le scandale des élevages-usines à plusieurs occasions – mais aujourd’hui, ce n’est pas à eux que je m’attaque.

Aujourd’hui, je dénonce les éleveurs bornés qui ne pensent qu’à une chose : l’esthétique.

Les éleveurs ont sciemment fait reproduire des chiens malades

Ces éleveurs ont, pendant des années, intentionnellement sélectionné des chiens au museau plus court ; aux oreilles plus longues ; au poitrail plus large… Dans quel but ? Améliorer leur condition physique ? Lutter contre les maladies génétiques ?

Oh que non.

Ces éleveurs ont, avec l’assentiment de la Société Centrale Canine, fait évoluer les races pour accentuer leurs traits « à la mode ». Sans se soucier des conséquences que cela pouvait avoir sur leur santé.

Jugez-en par vous-même – vous trouverez ici un extrait du blog « Science and Dogs »1. Dans son article, il compare le physique de différentes races de chiens il y a 100 ans, et maintenant.

Le Bull Terrier : un athlète devenu difforme.

Le Bull Terrier qu’on connait aujourd’hui était auparavant un beau chien athlétique.

Les éleveurs ont complètement déformé son crâne, gravement épaissi son abdomen, en lui offrant, au passage, de graves malformations comme les dents surnuméraires, ou des toques comme courir compulsivement après sa queue.

Le Basset Hound – handicapé dès la naissance

Le Basset a perdu en hauteur, et a souffre de sa nouvelle ossature des pattes arrière – mais aussi de ses excès de peau, de problèmes de vertèbres, et de ses paupières tombantes, responsables de nouvelles maladies telles que l’entropion / ectropion (maladie des paupières qui s’enroulent vers l’intérieur ou l’extérieur.

Le chien enchaine alors les conjonctivites, les larmoiements intensifs, ou au contraire, la sécheresse oculaire.

Le Boxer, incapable de respirer correctement

Le museau s’est raccourci – et les problèmes respiratoires sont venus, comme avec tous les chiens brachycéphales.

Le Boxer ne peut contrôler sa température quand il fait trop chaud. C’est aussi une des races avec le taux de cancers le plus élevé.

Le Bulldog Anglais : grand perdant du « progrès » des éleveurs

S’il y a bien un chien qui peut témoigner de la folie dévastatrice des éleveurs obsédés par les caractéristiques à la mode, c’est bien le Bulldog Anglais.

C’est simple : ce chien souffre de toutes les maladies possibles et imaginables. Sa durée de vie moyenne : 6 ans.

Un bouledogue anglais en bonne santé, c’est tout simplement un mythe. Ses proportions excessives l’empêchent même de se reproduire ou de donner naissance sans intervention médicale.

Le Teckel, dangereusement disproportionné

Il y a un siècle, les teckels avaient encore des pattes et un cou approprié à leur taille. Plus aujourd’hui.

Le dos et le cou ont été étirés : le poitrail extirpé vers l’avant, et les pattes tellement raccourcies qu’il n’y a presque plus de place entre la poitrine et le sol.

Le teckel est le chien soumis au plus grand risque de la maladie du disque intervertébral, menant à la paralysie.

Le Berger Allemand et ses problèmes de hanches récurrents

Il fut un temps où les Bergers Allemands étaient des chiens athlétiques de 25 kg, capable de sauter des murs de 2,5m de haut.

Aujourd’hui, avec ses hanches tombantes, ses 38kg, et sa poitrine en tonneau, ça lui est complètement impossible. Le Berger Allemand qu’on croise dans les concours de la Société Centrale canine est bien souvent victime de grave dysplasie des hanches.

Le Carlin, en surchauffe permanente

Le carlin est encore un chien dont la brachycéphalie a été poussée à l’extrême.

Haute pression artérielle, problèmes cardiaques, difficultés à s’oxygéner, une tendance à surchauffer, problèmes de dentition, dermatites liées aux plis de la peau…

Et la queue en tire-bouchon ? Rares sont ceux qui savent que c’est un réalité une déficience génétique, qui dans sa forme la plus grave, peut mener à la paralysie du chien.

Le St Bernard, ancien chien de travail victime des éleveurs

Le St Bernard était auparavant un chien de travail solide.

Aujourd’hui, son museau s’est raccourci ; il s’est empâté. Les éleveurs en ont fait un chien victime de maladies des paupières, d’ostéosarcome, hémophile, et incapable de travailler, car il surchauffe trop facilement.

Quand l’esthétique prime sur la santé

Les éleveurs disent « faire progresser la race ».

Mais rendons-nous à l’évidence ; Aucune race de chien n’a été améliorée par la décision arbitraire et capricieuse d’un éleveur peu scrupuleux, souhaitant avoir des chiens plus courts, plus longs, plus petits ou plus bouclés.

Les clubs d’éleveur de ces races de chiens ont arbitrairement choisi de développer des traits physiques pour des raisons purement esthétiques. Sans se préoccuper de la santé de leurs chiens. Il ne s’agit nullement de progrès. Quand les caractéristiques physiques accentuées par des années de reproduction sélective deviennent un handicap, il s’agit plutôt d’un recul.

La Société Centrale Canine encourage la reproduction de chiens malades – à nous d’agir !

Inutile de compter sur l’intervention de la Société Centrale Canine. Si on regarde sur le site du Club du Bulldog Anglais, par exemple, sa position est ambigüe.

Elle décrit le Bulldog ainsi : « Le museau est court, large, retroussé et très épais de la commissure de l’œil à la commissure des lèvres. Le bourrelet sur le nez, s’il est présent, continu ou discontinu, ne doit jamais constituer une gêne, ni pour les yeux ni pour la truffe. »

On a ici l’impression que la SCC se déresponsabilise des problèmes respiratoires des chiens brachycéphales, en imposant que le bourrelet sur la truffe ne représente pas une gêne. Or, elle ignore totalement le fait que l’écrasement du museau est, de toute manière, fatal pour les chiens – avec ou sans bourrelet.

Elle continue de confirmer des chiens aux gènes dangereux pour leur santé – et celle de leur progéniture.

C’est donc à nous, et aux futurs adoptants, de se renseigner sur des dangers de l’élevage déraisonné. D’agir en fonction. Acheter un chien au nez écrasé ; aux hanches tombantes ; aux pattes démesurément courtes, c’est encourager l’élevage irréfléchi des races de chiens génétiquement fragiles.

C’est sponsoriser la sélection de gènes malades, pour des raisons purement esthétiques.

C’est financer l’élevage de chiens qui souffriront toute leur vie d’une maladie intentionnellement sélectionnée par l’humain.

À nous d’agir en conséquence.

https://dogbehaviorscience.wordpress.com/2012/09/29/100-years-of-breed-improvement/

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