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Traiter son chien comme un enfant ne lui rend pas service

Publié le 05 Avril 2023
Traiter son chien comme un enfant ne lui rend pas service

Mon chien comprend quand je le dispute, il se sent coupable.” 


Il m’a fait la tête pendant des jours quand je suis rentré de vacances.” 


Il est jaloux quand je m’occupe du chat et pas de lui.” 


Ce genre de phrases, on les entend souvent quand on parle avec un humain de chien… et elles ne choquent pas grand monde. 


Pourtant, elle relève d’un phénomène qui empêche généralement de tisser une relation saine avec son chien. 


Non, Médor n’agit pas comme un humain 


Avant, le chien avait une utilité. Il gardait la maison, le troupeau, ou aidait l’homme à se nourrir en chassant. 


Aujourd’hui, ce n’est plus le cas (ou presque plus). Le chien est un compagnon de vie, qu’on apprécie pour le réconfort et l’amour qu’il apporte dans nos foyers. 


On le considère de plus en plus comme un membre de la famille, à tel point qu’on a parfois l’impression qu’il agit et pense comme nous, humains. 


Ce phénomène, c’est l’anthropomorphisme. C’est une tendance à attribuer à un animal des caractéristiques humaines, notamment des émotions ou des comportements. 


On a par exemple l’impression que notre loulou éprouve de la jalousie, qu’il est rancunier, qu’il distingue le bien du mal… à tort. 


Un animal n’a pas la même façon d’analyser son environnement que l’humain et il n’a pas non plus les mêmes besoins. 


Finalement, on transpose à notre chien des caractéristiques et des émotions qui sont le reflet des nôtres. 


Certaines situations anthropomorphiques, comme lui offrir un cadeau à son anniversaire ou à Noël, sont totalement innocentes et partent d’un bon sentiment. 


Malheureusement, d’autres peuvent s’avérer bien plus dommageables pour lui. 


L’anthropomorphisme camoufle les problèmes comportementaux 


L’anthropomorphisme nous donne l’impression que les comportements de nos chiens ont un sens à nos yeux. D’ailleurs, on l’utilise parfois inconsciemment pour se rassurer et se dire que notre poilu tient à nous : 


  • s’il est jaloux quand notre attention est sur un enfant ou un autre animal, c’est qu’il apprécie qu’on s’occupe de lui ; 

  • s’il nous fait payer nos absences par des pipis à l’intérieur, c’est sûrement qu’on lui manque. 


N’en déplaise à certains : c’est malheureusement une aberration. 


Cette façon de penser peut même, à terme, lui porter préjudice et nuire à son bien-être


En prêtant à tort à nos chiens des réactions humaines, on en oublie de chercher les véritables causes… Causes qui cachent parfois un véritable mal-être. 


Non, le chien n’a pas conscience de mal agir. 


L’animal n’a aucune notion de morale. Ses comportements ne sont pas basés sur des principes moraux comme les nôtres. Il ne sait donc pas distinguer le bien du mal


Imaginez que votre chien attrape une cuisse de poulet directement dans votre assiette. 


Pour vous, c’est du vol : Médor a mal agi. 


Mais lui ne voit pas les choses de cette façon : il a simplement saisi une opportunité pour se nourrir. Il a agi selon ses propres besoins dans l’environnement qui lui est offert.


D’ailleurs, ça explique pourquoi la punition est inefficace. 


Gronder son chien, c’est estimer qu’il sait ce qui est bien et ce qui est mal. 


Mais comme ce n’est pas le cas, il ne comprend pas pourquoi il est puni et recommencera dès qu’il en aura l’occasion. 


Dans ces situations, la gestion de l’environnement est bien plus efficace ! 


Il n’éprouve pas de culpabilité. 


Si, en rentrant chez vous, vous trouvez votre chien les oreilles basses et les yeux suppliants alors qu’il a éventré le canapé, détrompez-vous, il ne se sent pas coupable


À nouveau, se sentir coupable sous-entend avoir conscience du bien et du mal et savoir les distinguer - chose que le chien ne sait pas faire. 


En revanche, ces changements d’attitudes, de comportements, que l’on assimile à de la culpabilité, ont quand bien même des raisons d’exister. 


Il est fort probable que vous l’ayez déjà grondé en rentrant chez vous après avoir découvert des destructions. 


Votre chien a donc associé votre retour à la maison au fait de se faire gronder. Résultat : lorsque vous rentrez chez vous, Médor est effrayé, car il anticipe votre réaction. 


Le chien ne peut pas se venger. 


La vengeance est un concept typiquement humain. Sans sens moral, capacité de réflexion et de raison comme nous l’avons, le chien ne peut pas raisonner de façon à éprouver de la rancune. 


À ce jour, aucune preuve scientifique n’a d’ailleurs permis de démontrer le contraire. 


Les réactions que certains assimilent à de la vengeance ont donc une autre origine. 


Prenons l’exemple d’un chien qui détruit ou urine pendant vos absences. Non, il n’essaie pas de se venger parce que vous l’avez laissé seul. En revanche, ses comportements sont porteurs d’un message, et peuvent révéler un trouble comportemental plus profond


  • Les besoins faits dans la maison peuvent tout simplement révéler qu’il n’a pas réussi à se retenir assez longtemps ; 

  • En cas de solitude, et sans aucune activité d’occupation, il s’est peut-être ennuyé et a cherché à s’occuper comme il a pu. 

  • Il pourrait aussi souffrir d’anxiété de séparation, le mettant dans un état d’angoisse extrême. La mastication étant une activité apaisante grâce aux endorphines qu’elle libère, le chien va alors mastiquer pour se calmer. Sans friandises masticatoires disponibles, il s’en prend aux affaires de son humain - qui portent son odeur et seront donc d’autant plus rassurantes. En cas d’anxiété de séparation, un accompagnement par un comportementaliste canin sera nécessaire pour l’aider. 


Il n’est pas jaloux. 


La jalousie, au même titre que la vengeance et la culpabilité, est un sentiment purement humain. Aucun chien n’en ressent. 


Médor grogne lorsque quelqu’un s’approche de vous ? Il a fort à parier qu’il fasse de la protection de ressource, et que la ressource en question, ce soit vous. 


Il se peut aussi qu’il soit craintif vis-à-vis de ses congénères et que la présence d’un autre le mette mal à l’aise.


Il y a tellement de significations possibles à un comportement, que, pour cet exemple, s’arrêter à de la jalousie n’aidera pas Médor, bien au contraire. 


Il faut creuser le problème, l’analyser, et aller dans une compréhension plus profonde de son animal. C’est seulement comme cela que vous pourrez éteindre un comportement “indésirable”. 


Il existe plein d’autres cas d’anthropomorphisme qui peuvent être néfastes pour l’animal : 


  • le laver régulièrement et le parfumer pour qu’il sente bon alors que cette contrainte peut entraîner de graves problèmes dermatologiques ; 

  • empêcher son chien de renifler le derrière d’un congénère sous prétexte que “c’est sale” (rappelons-le, mais ce comportement canin est un moyen de communication on ne peut plus naturel) ; 

  • lui faire des câlins humains le plus souvent possible alors que les démonstrations physiques sont propres à l’homme pour se saluer et montrer son affection ; 

  • habiller un chien qui n’en a pas besoin, par pur plaisir. 


Pour son bien-être, garder à l’esprit qu’un chien reste un chien 


Faire de l’anthropomorphisme est souvent plus simple et rapide qu’on le croit. 


L’idée n’est pas de pointer du doigt ceux qui le font (je me surprends parfois moi-même en train d’en faire…). 


Mais il ne faut pas tomber dans l’excès, et calquer votre propre ressenti sur celui de votre chien. 


Même s’il n’est pas toujours bénéfique, l’anthropomorphisme a conduit à porter un autre regard sur l’animal au fil des années. 


Ça a d’ailleurs joué un rôle majeur dans l’évolution de la considération des animaux par la société et la législation. Considéré comme une machine dénuée de sensibilité et dont les comportements ne sont que des réflexes pendant des siècles, l’animal est maintenant reconnu comme un « être vivant doué de sensibilité » par le Code Civil depuis 2015. 


Le tout est d’avoir conscience des dérives de l’anthropomorphisme pour avoir les idées claires dans nos relations avec nos poilus. 


En ignorant les causes réelles du comportement de l’animal et en lui attribuant des raisons humaines, on en oublie sa nature de chien. Il y a alors un danger, car on ne cherche pas les solutions adaptées à la cause de ses comportements.


Discerner la différence entre l’animal et l’homme nous aide à entretenir de bien meilleurs rapports parce qu’on s’adapte à son système de communication et à ses besoins fondamentaux. 

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