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Cage, destruction, et auto-mutilation.

Publié le 08 Juillet 2020
Cage, destruction, et auto-mutilation.

Il y a un sujet qui fait débat, même parmi les éducateurs canins bienveillants : l’utilisation de la cage.  

Pas pour le transport ; mais à des fins éducatives. 

Le chien se sent-il plus en sécurité dans sa cage ? Ou bien est-ce juste quelque chose qu’on se dit pour se déculpabiliser ? 

Dans cette lettre, je vous explique pourquoi cet outil est trop souvent mal utilisé – et je vous partage mon avis éclairé sur la « bonne » utilisation de la cage. 

 La cage n’est pas un outil miracle d’éducation canine. 

« Votre chien est malpropre ? Détruit pendant vos absences ? Mettez-le en cage, il n’aura plus l’occasion de faire ses bêtises, et le problème sera résolu ! ». 

Quand une solution vous semble trop belle pour être vraie… souvent, elle l’est. 

Prenons l’exemple du chien qui détruit pendant vos absences. Certes, la cage va empêcher les destructions. Mais a-t-elle réellement résolu le problème… ou juste étouffé les symptômes ? 

Pourquoi le chien détruit-il ? Est-ce parce qu’il s’ennuie ? Dans ce cas, l’enfermement dans 1 ou 2 m² risque même d’aggraver le problème. Il serait plus simple, efficace, et bienveillant de laisser à son chien de quoi s’occuper (un Kong, des croquettes enfouies dans un tapis de fouille, du bois de daim à mâcher…). 

 Peut-être que le chien détruit car il angoisse à l’idée d’être seul. C’est le cas du chien qui va détruire les portes, fenêtres, plinthes, pour essayer de s’enfuir et vous rejoindre. Souvent, le chien anxieux va aussi détruire tout ce qui porte votre odeur (canapé, chaussures…), et se soulager à ces endroits-là, ou devant la porte. 

La cage va-t-il lui permettre de s’apaiser ? 

Hélas, dans la majorité des cas : non. 

Mutilations, hurlements : le chien enfermé exprime son mal-être autrement qu’en détruisant ou en faisant ses besoins. 

J’ai déjà eu des cas de chiens qui aboyaient alors à longueur de journée. D’autres qui se mutilaient – en mordant leur queue, ou en se léchant compulsivement les pattes avant, jusqu’à l’apparition d’une plaie suintante. 

Bien sûr, il s’agit là de cas extrêmes. Certains chiens vont simplement intérioriser leur angoisse, leur mal-être. 

Certes, les destructions ont pris fin ; le chien ne fait plus ses besoins à l’intérieur… Mais, quelques années plus tard, on va découvrir des anomalies cardiaques inexplicables ; dans les semaines qui viennent, le chien va se montrer plus irritable ; moins sociable ; il va se mettre à protéger ses ressources ; son poil peut ternir… 

Bref, son état de stress va se refléter à la fois sur son comportement, et sa santé. N’oublions pas que le stress est une cause directe de cancers, de déficience immunitaire, et d’énormément de problèmes comportementaux[1]. 

Alors, comment utiliser la cage sans que le chien ne la subisse ? 

Est-ce même possible ? 

Oui… Mais cela peut être plus ou moins compliqué. 

D'abord, parce que la cage doit être associée à un endroit positif. 

Impossible, si on compte y enfermer son chien 8 heures par jour. 

Impossible, si votre chien ne peut pas en sortir quand il en a envie, parce que la porte est verrouillée. 

Impossible si c’est un endroit où il s’ennuie – ou pire, où on l’y met pour le punir. 

Quelles sont alors les conditions pour que la cage soit appréciée par le chien ? Est-ce même possible ? 

  1. La cage doit être un endroit joyeux. C’est là où votre chien reçoit systématiquement ses oreilles de cochon, des Kongs à la pâtée, ses jouets préférés. 
  2. Le chien entre et sort librement de sa cage ; il n’est jamais contraint d’y rester enfermé. Soit la porte reste ouverte… soit vous êtes en mesure de l’ouvrir dès que votre chien exprime l’envie d’en sortir. 

Alors vous allez me dire : « OK, dans ce cas la cage ne sert à rien, non ? » 

Et bien… je suis d’accord. 

L’apprentissage de la cage est finalement plus chronophage que l’apprentissage de la solitude, de la propreté, etc. 

Réellement apprendre à son chien à aimer la cage est complexe – voire même impossible pour certains chiens. 

Plutôt que de dépenser du temps, et de l’énergie à apprendre à votre chien la cage… Ne serait-il pas plus judicieux de travailler directement sur son anxiété de séparation ? Sur ses problèmes de malpropreté ? De destruction ? 

Pour vous donner quelques exemples : 

  • Associer vos départs à quelque chose de joyeux, en ne partant que quelques secondes, et en laissant systématiquement une super activité masticatoire à votre chien lors de ces exercices. 
  • Récompenser généreusement votre chien à chaque fois qu’il fait ses besoins dehors – et l’emmener dans le jardin quand il le fait à l’intérieur, sans énervement. 
  • Faire de longues balades quotidiennes, avec votre chien en liberté, ou en longe, pour qu’il puisse se dépenser correctement. Il aura ainsi l’occasion de bien vider sa vessie avant votre absence, et sera ensuite occupé à faire une longue sieste jusqu’à votre retour – plutôt que détruire vos affaires ! 

Je sais qu’il est tentant d’utiliser cet outil. Je sais qu’il est recommandé par certains professionnels. Mais surtout, ne cédez pas à la facilité. 

Essayez de travailler la cause du problème comportemental du chien en priorité. C’est à la fois plus efficace, et votre chien vous en sera reconnaissant. 

PS : J’ai pour ma part utilisé la cage à des fins éducatives qu’à une seule occasion : quand j’ai adopté Merlin. Le problème ne venait pas de lui… Mais de Pénélope. Pour je ne sais quelle raison, elle qui était propre, s’est mise à uriner systématiquement dans la cuisine, la nuit. Pourtant, elle savait se retenir. Pourtant, elle s’entendait très bien avec Merlin. 

Le souci, c’est qu’à chaque fois qu’elle se soulageait dans la cuisine, elle autorenforçait ce comportement… Et était ainsi plus susceptible de recommencer le lendemain. 

Après deux semaines de ramassage de pipi au réveil, j’ai cédé. 

J’ai introduit la cage très progressivement. C’est Pénélope qui choisissait d’y aller la nuit. Quand elle voulait en sortir, elle savait qu’il suffisait d’aboyer, et je lui ouvrais. 

Pendant un mois, Pénélope a dormi dans cette grande cage la nuit, sans stress. Elle ne demandait même pas à en sortir – le matin, je me réveillais avant elle pour lui ouvrir. 

En trois semaines, elle a perdu cette habitude de marquage (si on peut parler de marquage), et j’ai pu retirer la cage complètement. 

Je ne suis donc pas 100% fermé à son utilisation… Mais je prends énormément de pincettes. 

[1]              https://air.unimi.it/retrieve/handle/2434/449253/717454/2016%20stress%20and%20cancer%20in%20dogs.pdf

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