Blog - Comportement

Pourquoi mon chien est-il stressé ?

Publié le 12 Juin 2020
Pourquoi mon chien est-il stressé ?
Quand on est stressé, notre chien est directement affecté. Notre stress se ressent de mille et une façons. On met de la tension sur la laisse ; le ton de notre voix change ; on perd patience plus rapidement… Résultat : notre chien partage cette anxiété immédiatement. Rien de nouveau. Mais la dernière étude sur la synchronisation du stress inter-espèce va encore plus loin. Je vous parle ici d’une étude toute récente, publiée l’année dernière par les chercheurs de l’Université de Linköping en Suède¹. Cette étude démontre que les niveaux d’hormones de stress à long terme sont synchronisés entre chiens et humains. Jusqu’à maintenant, on avait conscience que le stress était contagieux à court terme. Mais cette étude est la première à aborder la contagion à long terme entre humain et animal.  Pour mesurer le niveau de stress les chercheurs ont utilisé le cortisol, aussi appelé hormone du stress. Il circule naturellement dans le sang puis laisse une trace de son passage dans les cheveux et les poils. Au fil du temps, le cortisol se lie aux cheveux. C’est ainsi que chaque brin de poil ou de cheveux devient un enregistrement biologique du stress que l’individu subit. 25 Border Collies, 33 Bergers des Shetland ainsi que leurs propriétaires – toutes des femmes – ont participé à l’expérience. Pour évaluer comment les personnalités du propriétaire et du chien peuvent agir sur le taux de cortisol présent dans leurs cheveux/poils, deux questionnaires ont été utilisés :
  • le « Dog Personality Questionnaire »² pour les chiens
  • et « The Big Five Inventory »³ pour les maîtres. C’est un test qui évalue la personnalité en mesurant précisément cinq traits de personnalité : l’ouverture à l'expérience, la conscienciosité, l’extraversion, l’agréabilité et le névrosisme.
Évidemment, pour ne pas fausser l’expérience, le propriétaire du chien n’a pas lui-même rempli ces questionnaires. Ils ont été complétés par une personne tierce. Je vous laisse regarder les résultats de l’étude en fonction de la saisonnalité : Les pastilles bleues correspondent à l’hiver et les pastilles orange à l’été. Les chercheurs ont constaté que le taux de cortisol des chiens était plus élevé pendant les mois d’hiver par rapport aux mois d’été. Chez les humains, la saisonnalité n’a eu aucun effet sur leur niveau de stress. L’axe vertical indique la concentration de cortisol dans les poils du chien et l’axe horizontal dans les cheveux du propriétaire par pg/mg. Par la suite, le mode de vie du chien a également été pris en compte, et la corrélation est alors encore plus flagrante. La moitié des chiens de chaque race participait régulièrement à des entraînements et des compétitions pour tester des compétences telles que l'obéissance et l'agilité. Le stress chez ces chiens de compétition reflétait davantage celui de leurs maîtres. Selon Roth (une des chercheurs ayant réalisé l’étude), c’est peut-être parce que le lien est plus fort et qu’ils sont plus proches.  Doit-on en conclure que c’est l’activité qui lie le stress des deux individus  ? Par exemple, que si un maître et son chien de concours ont un niveau de stress similaire, c’est parce qu’ils évoluent dans le même environnement ? Ou que si vous et votre chien n’avaient pas de jardin, il est normal que votre niveau de stress soit similaire ? Et bien pas forcément. Les facteurs comme l’âge, votre situation professionnelle, si le chien a un accès à un jardin, et même s’il vit avec d’autres chiens ont été pris en compte dans l’étude. Et visiblement, ils n’avaient pas d’effet sur le niveau de stress de l’animal. Plus étonnant encore : le taux de cortisol des chiens est significativement lié à la personnalité des propriétaires et surtout à leur névrosisme. Bizarrement, les humains avec un score plus élevé de névrosisme avaient des chiens avec un taux de cortisol plus faible. Roth, explique que ces propriétaires vont rechercher plus de réconfort chez leur chien. Ils vont leur prodiguer plus d’attention avec des papouilles et des câlins ce qui réduit considérablement le taux de cortisol. À l’inverse, la personnalité du chien a peu d’effet sur son niveau de stress – moins que celle de l’humain en tout cas. En bref, la personnalité de l’humain est le facteur le plus influent sur le taux de cortisol. Si vous êtes de nature stressé votre chien le ressent et va l’être aussi. Pas parce qu’il vous ressemble. Mais parce qu’il « s’imprègne » de votre stress. Cette étude va pouvoir dénouer de nombreuses situations dans lesquelles vous avez pu vous trouver. On inspire, on expire, pour contrôler ses émotions et réduire son stress. Devenir maître de ses émotions n’est pas donné à tout le monde et certains ont encore du mal après des mois de travail. J’en ai conscience. Mais diminuer son stress pour relaxer son chien dans certaines situations, c’est possible. Vous améliorerez votre relation avec Médor et vous rencontrerez moins de situations anxiogènes ! Voici quelques astuces qui pourraient vous aider. Démystifier la muselière La muselière n’est pas un instrument de torture, tant qu’elle est bien utilisée. Si vous avez un chien réactif, lui mettre une muselière ne fait pas de vous un mauvais maître. Au contraire, vous êtes courageux de prendre en main l’éducation d’un chien réactif. Tout le monde n’en est pas capable. Ne soyez pas influencé par les personnes qui associent « muselière » et « maltraitance ». Pensez plutôt à l’aide qu’elle puisse vous procurer. Partir en balade avec une muselière sur un chien réactif c’est :
  • Être plus détendu pendant la promenade – car votre chien a beaucoup moins de risques de s’attaquer à quelqu’un ou à un autre animal
  • Moins tirer sur la laisse – si vous êtes plus relaxé vous ne serez pas constamment méfiant vis à vis de votre chien
  • Avoir un chien moins susceptible de s’énerver – car il ne subit ni votre anxiété ni la pression sur la laisse
Vous entrez dans un cercle vertueux et les balades sont beaucoup plus sereines. Quand j’ai démarré la rééducation de Maki, elle m’a énormément aidé. Je lui ai appris à aimer cet objet grâce au renforcement positif et à des séances de medical training. Lorsque votre chien pourra la porter sans qu’elle soit une contrainte ou associée à une situation négative, vous pourrez partir en balade avec, sereinement. Des exercices faciles et agréables pour décontracter votre chien. Avant de partir en balade, il est important de vous mettre - et votre chien - dans de bonnes conditions. Pour quitter le foyer connectés et apaisés, faites des exercices amusants, qu’il apprécie et qu’il connaît. Certains n’y croient pas mais en faisant cela, vous boostez sa confiance en lui et donc, sa décontraction. Ravi d’avoir réussi les exercices et de vous avoir fait plaisir, votre chien partira plus serein. De votre côté, vous boostez aussi votre confiance en vous. Prenez le temps nécessaire. Ne partez pas en balade dans le parc à côté de chez vous où vous êtes sûr de croiser une multitude de chiens. Surtout si vous pensez fermement qu’il peut y avoir un conflit avec le vôtre. Commencez par des endroits moins fréquentés. Nous n’avons pas tous de grands terrains déserts à proximité, j’en ai conscience. Mais en choisissant des lieux plus reculés et à des heures creuses vous limitez (sans pour autant supprimer car c’est quasiment impossible) les risques de situations stressantes. Prenez votre temps et allez-y étape par étape. Ne perdez pas de vue votre objectif premier : votre relaxation pour ne pas stresser votre chien. Des pensées positives pour redonner confiance à votre chien. Ceci amène à mon dernier conseil ; ayez confiance. En vous et surtout en votre chien. Il peut ressentir votre manque de confiance envers lui. Résultat, comme la plupart des individus, votre chien va aussi douter de sa personne. C’est tout naturellement qu’il se mettra plus facilement en position de défense. Prêt à vous défendre et à se défendre en cas de « dangers ». Alors soyez confiant et pensez positifs. C’est plus facile à dire qu’à faire, j’en ai conscience. Mais vous verrez, le changement sera flagrant.  
  1. https://www.nature.com/articles/s41598-019-43851-x.pdf
  2. Jones, A. C. Development and validation of a dog personality questionnaire (2008)
  3. Zakrisson, I. Big Five Inventory (BFI) [Elektronisk resurs]: Utprövning för svenska förhå (Mittuniversitetet, 2010).
 

Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Aucun commentaire

Poster un commentaire
Ajouter un commentaire
Répondre
Répondre

Copyright © CHIEN VIE ET SANTÉ 2019 - 2024. Tous droits réservés.

Site réalisé par l'agence Developr.
visa mastercard paypal apple pay google pay
  • En stock