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Terreur ou motivation : Pourquoi nos chiens nous obéissent-ils ?

Publié le 21 Janvier 2019
Terreur ou motivation : Pourquoi nos chiens nous obéissent-ils ?

« Vous avez besoin d’une friandise pour vous faire obéir? Ah bon… Moi, mon chien m’obéit parce que c’est moi le maître ». Voici le type de remarque auquel les humains bienveillants sont confrontés.

Ces commentaires dédaigneux sont souvent accompagnés d’un petit rictus moqueur et d’un air supérieur. Ils viennent généralement de maîtres agressifs et arrogants. Ils aboient sur leur chien à tout va. Vous voyez de quoi je parle…

Je leur réponds de la manière suivante :

« Mon chien m’obéit parce qu’il y trouve un intérêt. Et si vous n’avez pas encore compris que votre compagnon est par nature opportuniste, alors mon pauvre ami, vous êtes bien loin de la réalité. »

Ce à quoi le maître bourru m’oppose agressivement :

« Qu’est-ce que vous en savez? Je sais éduquer mon chien, il m’obéit! Regardez : REX, AU PIED! » et Rex, docile, suit son maître, torse bombé et sourire aux lèvres (je parle ici du maître - Rex, lui, a l’échine courbée et la queue entre les jambes).

Oui. Il y a bien deux méthodes pour faire obéir son chien. La punition, et la motivation. Et oui, les deux fonctionnent. Votre chien fait une bêtise : si vous le punissez d’un douloureux coup de collier, il ne recommencera probablement pas. Mais quelles en seront les conséquences ?

Imaginez porter un collier électrique. Et chaque fois qu’il bipe, vous devez vous asseoir. Si vous ne le faites pas, vous subissez un électrochoc. Aucun doute, vous obéirez à chaque injonction. Mais vous serez tout le temps en alerte. En attente du fameux bip si redouté. Stressé à l’idée de ne pas l’entendre et de subir une punition.

C’est précisément ce que font subir à leurs chiens les chasseurs, les tortionnaires, les dresseurs traditionnels. Ils ne prennent pas le temps d’éduquer leur compagnon avec patience et compassion. Un coup de collier étrangleur, une décharge au collier électrique, et le problème est réglé ! Pour eux, tout ce qui compte, c’est d’avoir des résultats, et vite ! Leur chien soit être obéissant à tout prix. Peu importe si la menace d’un électrochoc est anxiogène à en devenir malade. Peu importe si le chien craint son maître. Peu importe s’il vit dans un mal-être profond, sans espoir de s’en sortir.

Comme moi, vous refusez de faire subir cette torture émotionnelle à votre chien? Alors, continuez à lire, et aidez-moi à changer les choses.

Car il y a une deuxième option : la motivation. C’est le sujet de cet article. Elle vous donne la solution pour vous faire écouter par votre chien, avec joie et enthousiasme. C’est la méthode utilisée par les éducateurs canins les plus bienveillants, et les mieux informés sur les dernières découvertes au sujet du comportement canin. Vous verrez, cette méthode marche systématiquement.

Les deux clefs de l’éducation positive

Je vous ai déjà donné la première clef pour un chien heureux et bien éduqué dans une lettre précédente : la gestion de son environnement. Je vous avais donné l’exemple de Maki qui, chaque fois qu’il vide la poubelle, s’auto-récompense. Il réussit à manger un reste, il est content. Résultat : il vide la poubelle systématiquement.

Ma solution : gérer l’environnement pour qu’il soit moins propice à la bêtise. En l’occurrence, une poubelle impossible à ouvrir pour Maki. Peu à peu, Maki oublie que vider la poubelle est « agréable », et il arrête.

Mais ce n’est qu’un premier aspect du renforcement positif. Car il faut aussi travailler le revers de la médaille. À savoir : renforcer le comportement recherché.

Première erreur chez les maîtres : ne pas récompenser un comportement «normal».

Ce qu’on attend d’un chien « normal » est souvent contre sa nature. Trop de maîtres l’oublient. Par exemple : rester sagement dans son panier à l’intérieur. Ne pas voler les biscuits apéritifs posés sur la table basse. Jouer calmement avec ses copains, sans aboyer et sauter comme un fou. Marcher au pied avec une laisse détendue.

Tous ces comportements vous paraissent normaux ? Evidents ? En réalité, ils vont complètement contre l’intérêt de notre chien. On ne s’en rend pas compte, mais souvent ils leur demandent un réel effort (pas pour tous les chiens, mais pour beaucoup, oui !). Et c’est pour cela qu’il faut impérativement les récompenser.

Je vous donne l’exemple de Papuche. Papuche est une Jack Russel recueillie par mon association, puis adoptée par Mireille. Mireille est déterminée à bien occuper. Mais Papuche lui donne du fil à retordre : comme beaucoup de Jack Russel, elle est très dynamique. En sortie, elle court partout, aboie sans cesse sur les autres chiens, ne revient jamais au pied. À la maison, elle ne tient pas en place. Mireille n’est pas violente pour un sou. Elle pense à récompenser Papuche — quand elle s’assoit sur commande, ou pour ses petits tours de cirque. Je creuse un peu plus. Mireille récompense-t-elle Papuche quand elle va dans son panier calmement ? Quand elle n’aboie pas en croisant un chien ? Quand elle revient au pied ? Bref, quand Papuche a un comportement « ordinaire » ?

Non. Et voilà la grosse erreur de Mireille. Papuche n’a aucun intérêt à être « sage » : qu’y gagne-t-elle ? Rien - ou au mieux, une caresse, puis on la rattache en laisse. Pas très motivant.

Repensez à Maki et sa poubelle. À force de ne plus être récompensé quand il fouille mes détritus, il arrête. Il en va de même avec Papuche, mais dans le mauvais sens. C’est la loi de l’extinction. S’il n’y a aucun bénéfice à avoir un comportement, alors le comportement s’éteint. Papuche ne voit aucun intérêt à être sage. Le naturel revient au galop : elle court partout et aboie à tout va, comme tout Jack Russell qui se respecte.

Normal ! Que se passe-t-il quand elle court partout dans la maison ? Mireille lui donne de l’attention. Quand elle aboie sur les autres chiens ? Elle a des interactions avec les copains. Quand elle se sauve et refuse de revenir au pied ? Elle éprouve la satisfaction de se dégourdir les pattes. ÇA, c’est motivant !

Prenez l’habitude de récompenser votre chien quand il est sage. Même si son comportement vous parait « normal ». Pour lui, ça ne l’est pas forcément !

Mais comment le récompenser de manière efficace ?

Faire pencher la balance de la motivation de VOTRE côté

Les propriétaires de chiens doivent IMPÉRATIVEMENT en prendre conscience : le chien est OPPORTUNISTE. Oui, il vous obéit uniquement quand c’est dans son intérêt. Non, ça ne veut pas dire qu’il vous manque de respect.

Vous vous entendez bien avec votre patron. Accepteriez-vous pour autant de travailler sans salaire ? Je ne crois pas. Il en va de même pour votre chien.

Quand vous lui demandez de faire quelque chose qui n’est pas dans son intérêt, il faut que le jeu en vaille la chandelle. Et c’est là que la récompense est importante.

Il y a quatre types de récompenses :

  • La voix: Un joyeux « bravo ! », un « oui ! » enjoué… J’utilise cette récompense tous les jours, mais elle est à faible valeur. Je l’utilise pour les exercices très faciles, ou je l’associe avec une récompense plus importante.
  • La caresse – Pour mes chiens, ce n’est pas la récompense la plus efficace. Un chien reçoit généralement des centaines de caresses « gratuites » par jour. Résultat : elles n’ont pas beaucoup de valeur (en tout cas, elles sont moins agréables que de batifoler avec les copains). Et pas tous les chiens apprécient les caresses ! Quand Maki joue au parc, se faire trifouiller les oreilles n'est pas sa priorité : ça l’agace plus qu’autre chose. Mais chaque chien est différent — peut-être que ça fonctionne pour le vôtre ?
  • La friandise: C’est généralement la plus efficace ! Mais attention, choisissez-la avec soin. Si vous récompensez votre chien avec ses croquettes habituelles, vous obtiendrez de moins bons résultats qu’avec un morceau de Knacki. Normal, Médor profite de ses croquettes quotidiennement et par centaines. Alors qu’un petit morceau de saucisse, ça n’a pas de prix !
  • Le jeu: certains chiens y sont encore plus sensibles qu’à la friandise. Avec Maki, un morceau de saucisse me garantit son attention inconditionnelle. Pour Merlin, il suffit de dire le mot « bâton », et le voilà attentif et heureux comme jamais.

L’enjeu : la valeur de la récompense doit être supérieure à la valeur du comportement indésiré.

Plus le comportement indésiré est agréable pour le chien, plus la récompense doit avoir de la valeur.

Exemple : Pénélope déambule dans le salon. Je l’appelle au pied, elle m’obéit. Une simple caresse est une récompense suffisante, puisque de toute façon elle n’avait rien de mieux à faire.

Prenons un exemple plus compliqué.

Merlin adore faire le fou avec ses copains. Il aboie bruyamment, il mordille, il saute sur tout le monde. Chaque interaction lui apporte un immense plaisir. Pour le faire revenir au pied, je dois lui proposer quelque chose d’encore plus agréable ! Si je lui donne une vielle croquette, puis je le rattache en laisse, peu de chance qu’il m’obéisse la prochaine fois. Je lui donne plutôt une boulette de panse (miam !). Je le félicite : « bravo mon beau ! ». Parfois, je lui jette même un bâton (youpie !). Puis je le laisse retourner jouer. Je suis maintenant certain qu’au prochain rappel, il reviendra avec empressement.

Récompensez… Mais évitez l’obésité!

Beaucoup de maîtres ont peur d’utiliser les friandises à profusion. « Mon chien va grossir » ; « comment faire le jour où je n’ai pas de friandises ? »…

Concernant le poids de votre chien, choisissez une friandise de qualité. Remplacez les gros biscuits farineux par des petits morceaux de viande séchés, de friandises à base de foie, de panse, et autres aliments pour carnivores — plus digestibles et très appétents. Adaptez aussi sa portion de croquette : si vous donnez beaucoup de friandises sur une journée, alors donnez moins de croquettes le soir.

J’espère que ma lettre vous a plu et vous a apporté des informations utiles. Si vous avez des questions ou des retours, surtout, répondez-moi. Je vous lirai avec plaisir et promis, je vous répondrai.

Et si vous avez aimé cette lettre, ou avez une expérience à partager, n'hésitez pas à laisser un commentaire. Je suis avide de connaitre votre avis.

Sur ce, je vous laisse à vos friandises !

Amicalement,

Claude Lefevre et ses trois chiens — Pénélope, Merlin, et Maki (qui n’aura droit qu’à la moitié de sa gamelle ce soir, parce que ce matin il a avalé l’équivalent de 3 saucisses en récompenses !)

PS1 : Et vous, quelle est la récompense la plus efficace pour votre chien ? Est-ce que j’en ai oublié sans ma lettre ? Si oui, dîtes-le en commentaire, vous m’aiderez ainsi à améliorer le contenu de mes articles.

PS2 : Le Clicker Training est une excellente méthode pour récompenser son chien. J’aurai l’occasion de vous en parler dans une prochaine newsletter, alors n'hésitez pas à vous abonner !

PS3 : Tous les chiens sont différents, et nécessitent des adaptations particulières. Peut-être que le vôtre est naturellement obéissant, sage, sans que vous n’ayez à encourager ses bons comportements.

Tout dépend du caractère !
 

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