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Vivre avec un chien réactif : Comment faire ?

Publié le 06 Décembre 2018
Vivre avec un chien réactif : Comment faire ?

Article d'Audrey Dulieux - Éducateur canin et comportementaliste

Qu’est-ce qu’un chien réactif ?

Un chien réactif est un chien dont les comportements et réactions sont à la fois imprévisibles, incontrôlables et disproportionnés en présence de certains stimuli (bruits, lumière, congénères, humains, etc.). Le chien est alors qualifié tantôt d’agressif, de dominant, de méchant et suscite l’indignation ou la peur des passants tout en générant beaucoup de stress pour le maître. À juste titre car les situations du quotidien sont sources de dangers potentiels...

La tentation est alors grande de ne plus sortir son chien de chez soi, ou de ne le sortir qu’aux heures « creuses », ce qui ne ferait pourtant qu’aggraver ses troubles du comportement. Pour éviter de rentrer dans ce cercle vicieux, mieux vaut affronter le problème à la racine.

Pourquoi un chien est réactif ?

Un chien peut être réactif par manque de socialisation les premières semaines de sa vie. Les différentes expériences vécues à l’âge adulte lui feront alors peur car elles lui seront inconnues. Il s’agit d’un trouble du développement grave (dyssocialisation) avec un seuil d’homéostasie (tolérance) très faible.

Un chien peut également DEVENIR réactif. Alors qu’il a bénéficié de conditions de développement optimales, une expérience mal vécue (comme une bagarre par exemple) peut causer en lui un traumatisme qui s’exprimera par une forte réactivité. Il s’agit là d’un trouble du comportement, qui, à force de patience, peut être résolu.

Dans les deux cas, il s’agit de peur. Le chien, souvent en laisse, n’ayant pas la possibilité de fuir ou de se défendre, panique et se laisse déborder par ses émotions. Tous les signaux renvoyés au supposé « agresseur » sont menaçants (aboiements, grognements, pilo-erection, sauts, gémissements).

La réactivité peut aussi être l’expression d’une frustration. Le chien n’est ni paniqué, ni menaçant (posture d’invitation au jeu, sauts, vocalises). Il est en fait très excité et a du mal à gérer, émotionnellement parlant, l’impossibilité d’aller voir ce qui l’intéresse.

Dans tous les cas, la réactivité est un manque de contrôle des émotions et c’est ce sur quoi il faut axer le travail de rééducation.

Prendre conscience du problème

Reconnaître l’état émotionnel de son chien est un premier pas vers la résolution du problème. Les maîtres des chiens réactifs sont souvent conscients qu’il y a quelque chose d’anormal quand ils promènent leur chien et que ce dernier s’excite facilement et rapidement mais ne savent pas comment réagir. Ils comprennent d’autant moins que l’attitude de leur chien qu’elle est radicalement différente à l’intérieur et à l’extérieur.

L’appréhension des réactions de son chien, la peur et le stress font que les promenades deviennent de moins en moins agréables et maintiennent le binôme dans un état de tension permanent, source potentielle de conflits.

Les rapports avec son propre chien deviennent tendus et l’incompréhension s’installe avec des conclusions parfois hâtives (mon chien est fou, mon chien est méchant, etc.) qui permettent de rejeter la responsabilité sur le chien. Or, le maître doit reconnaître sa part de responsabilité pour pouvoir agir et rectifier le comportement déviant de son chien.

Miser sur l’anticipation et garder le contrôle

Un chien réactif ne devient pas un modèle de sociabilisation en un claquement de doigts. Pour y arriver, le chemin est long. En attendant, tout maître d’un chien réactif, se doit d’être sur tous les fronts et d’anticiper au maximum. Hors de question de tenir la laisse d’une main laxiste, de passer des coups de fil, de regarder les passants, etc.

Mieux vaut se le tenir pour dit : promener un chien réactif n’est pas une balade de santé, les sorties sont souvent épuisantes. Elles doivent s’envisager comme la possibilité d’une lente et progressive rééducation : définir l’état émotionnel du chien, définir les distances à respecter, mettre en place des apprentissages ciblés, etc . Cela demande du temps, de l’observation, de la réflexion et beaucoup de ruse.

Si vous ne pouvez pas contrôler votre chien, apprenez à contrôler son environnement : promenez votre chien dans des endroits peu riches en stimuli au départ pour limiter les réactions (sans toutefois les éteindre), surveillez les chiens ou les humains qui pourraient s’approcher trop près, travaillez dans des zones où vous avez une possibilité de repli (exit le parc à chiens clôturé), « scannez » tout ce qui se passe autour de vous, le rattacher systématiquement si vous l’espace n’est pas dégagé et que vous risquez de le perdre de vue, etc. Ne culpabilisez pas pour autant si un incident se produit : rappelez-vous « la peur n’évite pas le danger ».

Le matériel joue également un grand rôle, que ce soit pour le maître ou pour le chien. Le maître privilégiera de bonnes chaussures, des gants (pour éviter les brûlures avec la laisse), des friandises et/ou jouets et éventuellement un clicker si l’apprentissage a été fait. Le chien, quant à lui, sera équipé d’un harnais et d’un collier voire d’une muselière, et éventuellement d’un Thundershirt (un Tshirt permettant de limiter l’anxiété chez le chien en s’inspirant de la technique de l’emmaillotage), ou encore de bandes Ttouch.

Les bons réflexes pour garder le contrôle :

  • Raccourcir la laisse SANS tirer dans les endroits sans visibilité (comme les coins de rue par exemples) ou à l’approche d’une source de réactions sans pour autant mettre de tension dans la laisse.
  • Garder une distance raisonnable de la source de réactivité (sans pour autant l’occulter)
  • Apprendre certains mots à son chien comme « pied », « demi-tour », « suis-moi », « stop « , « regarde », traverse », etc. de façon à pouvoir reprendre le contrôle plus facilement (à condition d’anticiper suffisamment).
  • Ne pas essayer de supprimer le mauvais comportement mais le remplacer par un autre, c’est le principe du contre-conditionnement. On l’obtient en récompensant son chien au moment où il fait ce qui vous convient. Or, on fait souvent l’inverse : pris(e) de panique à l’approche d’un autre chien, d’un enfant, d’une poussette, on n’a pas le temps de faire quoi que ce soit, trop occupé(e) à « éteindre » les réactions excessives de son chien.

Apprendre à gérer le stress et prendre confiance en soi

Avoir confiance en soit permet de mieux maîtriser son environnement et vice versa.

La confiance en soi est mise à rude épreuve quand on a un chien réactif. Les passants, au mieux donnent des conseils et s’improvisent éducateur canin sans s’être posés de questions sur les causes de la réactivité du chien et sans s’être intéressés à son histoire, au pire vous jugent (« il/elle ne sait pas tenir son chien »), voire vous insultent. Ils ne voient pas tous les efforts que vous faites au quotidien, à quel point cela vous mine le moral et que les progrès sont réels même si le chien réagit encore avec beaucoup de virulence.

Reprendre confiance est très important parce que cela permet de s’imposer auprès des autres et de ne pas subir la situation : oser dire non de manière ferme aux personnes qui s’approchent de votre animal pour le caresser, demander à un propriétaire de rattacher son chien si ce dernier est à une distance critique du vôtre sont des comportements que vous devez travailler.

Pour vous aider à vous affirmer dans un premier temps, vous pouvez mettre à votre chien un gilet jaune estampillé « besoin d’espace » réservé aux chiens réactifs en rééducation.

Oser dire ou demander n’est pas un manque de respect vis-à-vis des autres mais une grande preuve d’amour vis-à-vis de votre chien qui, grâce à vous, aura des promenades moins éprouvantes, clé de la guérison. Au-delà de ça, il sentira au bout de la laisse, un maître dégageant une bonne énergie, à la fois calme et assurée car, même si vous n’êtes pas ce qui déclenche les réactions de votre chien, vous y contribuez sans le vouloir.

Gérer les émotions de votre chien passe par la propre gestion de vos émotions. Le chien, véritable éponge à émotions humaines, capte l’état d’esprit de son maître et se cale dessus.

Bien s’entourer et se faire aider

Pour rééduquer un chien réactif, il est indispensable de se faire aider par un professionnel ayant des connaissances développées en comportement canin.

Rappelons que les moniteurs des clubs canins SCC sont des bénévoles n’ayant aucune formation sur le comportement canin. Ils n’ont donc pas les compétences pour gérer ce type de chiens, ni les infrastructures et l’espace nécessaire car le chien réactif sera rééduqué seul dans un premier temps, loin des congénères et de toute autre source de stimulations.

Le travail pourra être facilité en réduisant l’état de stress de l’animal lors des promenades et des séances de rééducation. Les cas les moins sévères recevront un traitement à base de Fleurs de Bach, d’homéopathie et/ou d’huiles essentielles. Les chiens les plus réactifs suivront un traitement plus lourd à base de tranquillisants. Dans tous les cas, les médicaments doivent être associés à une thérapie comportementale et doivent s’envisager comme une béquille permettant au chien de retrouver un peu de calme et de sérénité, ce qui permettra de le travailler plus calmement et d’obtenir les progrès escomptés.

Article d'Audrey Dulieux Éducateur et Comportementaliste canin chez Main de Maître En savoir plus sur Main de Maître Education Canine

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